Ali Aarrass a été arrêté à Melilla en 2008, sur la base d'accusations de trafic d'armes au profit d'un réseau islamiste. Une séquence sur la chaîne YouTube de l'agitatrice en cavale Dounia Filali où elle dialogue avec le terroriste Ali Aarrass fait polémique depuis sa diffusion. Les deux protagonistes se sont livrés à un exercice de falsification des faits. Pour Abderrazak Soumah, ex-salafiste, «en accueillant une figure délictuelle telle que Ali Aarrass, Dounia Filali fait plus que l'apologie du terrorisme, elle participe à banaliser les contenus radicaux et les propos haineux sous prétexte de liberté d'expression» avant de préciser : «Ali Aarrass trempait dans commerce illégal et la détention illicite d'armes à feu et de munitions afin de mener des activités déstabilisatrices. Des arsenaux illégaux ont été découverts en sa possession, ce qu'il nie farouchement afin que ses allégations ne s'écroulent pas». «Ali Aarrass se présente comme un opposant politique, sauf qu'il était membre agissant d'un groupe terroriste et manipulait des sommes extraordinaires» affirme Abderrazak Soumah dans un enregistrement vidéo qui démonte les contrevérités du premier. M. Soumah un des «salafistes repentis» que le roi Mohammed VI a graciés en novembre 2015. Il est un des membres fondateurs du mouvement des Moudjahidines au Maroc, qui, dans les années 80, planifiait des attentats contre le pays. «Lors de votre entretien, Ali Aarrass, vous avez réécrit la réalité. c'est surtout dans la conduite des affaires criminelles que la raison ne doit pas être bannie par le raisonnement. Vous n'étiez pas accusé à tort et les autorités détenaient des preuves catégoriques contre vous» a souligné M. Soumah. Lors d'un entretien accordée à la sulfureuse Dounia Filali, Ali Aarrass, homme qui pratique avec dextérité l'art de falsifier les faits, expose dans les termes suivants ce qu'il a vécu : «L'ordonnance criminelle, en plusieurs points, semble n'avoir été dirigée qu'à ma perte. J'ai été plongé dans le cachot, appliqué à la torture, sans nulle réparation à espérer» a déclaré l'ex-terroriste, niant catégoriquement être l'auteur de toute activité subversive. Mais pour M. Soumah, «Ali Aarrass était un membre éminent du mouvement des Moudjahidines. Il était manieur d'argent, et s'occupait des fonds de notre mouvement islamique. L'importance, déjà énorme et démesurée, de la question d'argent, s'y est accrue dans des proportions considérables puisque Aarrass a pu s'offrir des armes avec les sommes qu'il a amassées.» M. Soumah insiste sur la vulgarité du personnage : «Pour lui, les affaires, c'est l'argent des autres, c'est un homme à expédients. Il jette dans le débat de grands mots, qui font impression mais ils ne sont là que pour la façade.» Pour M. Soumah, «Ali Aarrass n'a pas été torturé ; cela crève les yeux, et ceux mêmes qui sont le moins mêlés à cette affaire sont bien obligés de s'en apercevoir. Les anciennes barrières sont tombées et ce qu'il dit est infondé ; les autorités ont pu saisir les armes d'Ali Aarrass, et ce dernier a tout avoué au juge d'instruction, librement, sans qu'il soit maltraité». Ali Aarrass, qui reprochait à Bruxelles de ne pas lui avoir accordé la protection consulaire contre de mauvais traitements lors de son incarcération au Maroc a été débouté jeudi par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH). Dans sa décision, qui est définitive, la juridiction paneuropéenne basée à Strasbourg a notamment jugé mal fondée la requête d'Ali Aarrass. Arrêté en 2008 dans la ville de Melilla, il avait été extradé par Madrid vers le Maroc en 2010. Condamné en 2011 pour trafic d'armes au profit d'un réseau islamiste, il affirme sans cesse avoir été torturé pour signer des aveux, ce qui a été démontré comme faux. Libéré en avril 2020 après avoir purgé sa peine, il a regagné la Belgique en juillet 2020.