Le président américain Joe Biden devait recevoir jeudi le Premier ministre israélien Naftali Bennett à la Maison Blanche, l'annonce de deux explosions près de l'aéroport de Kaboul ayant retardé leurs entretiens. «La rencontre bilatérale avec S.E Naftali Bennett, Premier ministre de l'Etat d'Israël, sera retardée», a communiqué brièvement la Maison Blanche peu après l'annonce qu'un attentat à Kaboul avait fait plusieurs victimes, dont certaines Américaines selon le Pentagone. «Il n'y a pas encore de nouvel horaire prévu pour la rencontre», a annoncé un porte-parole de Naftali Bennett, qui a ajouté que le retard était dû «aux évènements en Afghanistan». «J'apporte avec moi un nouvel esprit» Le déplacement sera l'occasion pour les deux hommes de se jauger après la prise de fonctions en juin de M. Bennett. «Ce sera leur première rencontre en face-à-face» et il s'agira de «vraiment apprendre à se connaître», a dit à des journalistes un haut responsable de l'administration Biden. Aucune conférence de presse n'est prévue à l'issue de la rencontre dans le Bureau ovale entre les deux dirigeants. Bennett, 49 ans, a été porté au pouvoir pour remplacer Benjamin Netanyahu par une coalition idéologiquement divisée, et dans laquelle son parti à la réputation belliciste ne tient qu'une poignée de sièges. «Il y a un nouveau gouvernement aux Etats-Unis et un nouveau gouvernement en Israël, et j'apporte de Jérusalem un nouvel esprit de coopération», a déclaré Naftali Bennett. En amont de son premier déplacement officiel à l'étranger en tant que Premier ministre, Naftali Bennett a affirmé devant la presse que Joe Biden était «un vieil et vrai ami de l'Etat d'Israël». Pour Dan Kurtzer, ancien ambassadeur des Etats-Unis en Israël, la visite du Premier ministre donnera un nouveau ton aux relations américano-israéliennes après les 12 ans de l'ère Netanyahu. «Netanyahu était convaincu qu'il savait mieux que le président avec qui il traitait ce que les Etats-Unis devraient faire», a déclaré Dan Kurtzer. Avec Bennett en revanche, «même s'il existe des différences sur la politique à mener, et il y en aura, les deux seront capables d'échanger sans cette couche de manque de respect», a soutenu l'ancien ambassadeur. L'accord sur le nucléaire iranien, «une erreur» Naftali Bennett a déjà affirmé que l'Iran serait le principal sujet de sa visite. Les Etats-Unis tentent actuellement de revenir sur la décision de l'ancien président Donald Trump de se retirer de l'accord sur le nucléaire iranien de 2015 qui avait levé les sanctions sur l'Iran en échange de restrictions sur son programme nucléaire. Depuis cette décision, l'Iran est revenu sur certains engagements clés, y compris sur l'enrichissement d'uranium. «Le premier ministre pense que revenir au sein de l'accord sur le nucléaire iranien (…) est une erreur», a affirmé un haut responsable israélien à la presse, jugeant que l'accord n'avait pas freiné les «agressions régionales» de l'Iran. Naftali Bennett a déclaré qu'il présenterait un «plan méthodique» à Joe Biden à ce sujet. Lors de sa visite dans la capitale américaine, Bennett a rencontré mercredi le secrétaire d'Etat Antony Blinken et le ministre de la Défense Lloyd Austin. L'engagement des Etats-Unis envers la sécurité d'Israël reste «inébranlable», a dit Blinken au premier ministre israélien. La solution à deux Etats «n'est pas pertinente» Des conseillers de Bennett ont par ailleurs affirmé que le premier ministre n'avait pas l'intention d'évoquer la reprise des discussions sur la mise en place d'un Etat palestinien sur les territoires occupés par Israël depuis 1967. La question des «deux Etats n'est pas pertinente, (elle est) non existante», a déclaré un haut responsable à la presse. Le gouvernement de Joe Biden soutient une solution à deux Etats et a remis en place les aides aux Palestiniens s'élevant à plusieurs centaines de millions de dollars, dont la plupart avaient été supprimées par Donald Trump. Pour Shibley Telhami, professeur sur la paix et le développement à l'université du Maryland, le déplacement à Washington pour rencontrer le président Biden confère de la légitimité à Bennett. Le soutien de Biden au Premier ministre contraste avec les critiques croissantes adressées à Israël par des démocrates progressistes au Congrès, comme Alexandria Ocasio-Cortez. Mais le président a résisté aux demandes d'un certain nombre d'élus démocrates pour des restrictions plus fortes sur les aides à Israël, se concentrant sur d'autres questions comme la pandémie et l'Afghanistan. «L'idée que ce n'est pas une question prioritaire protège Bennett», selon Telhami.