Jeune Afrique dans son édition du jour analyse le communiqué dans lequel le ministre algérien des affaires étrangères a acté la rupture des relations de l'Algérie avec le Maroc. Une annonce dont la thématique centrale est l'impossibilité de relations de voisinage avec le Royaume, basées sur des rapports « d'hégémonie et de rivalité». François Soudan, auteur de l'article qui analyse la construction du communiqué de Ramtane Lamamra pour en extraire l'argumentation, note que ce dernier est construit sur une suite chronologique d' événements que l'Algérie dénonce comme des agressions ; lesquelles constitueraient des arguments massue expliquant l'inéluctabilité de cette rupture. A l'image de la guerre des Sables en 1963. Ramdane Lamamra réécrit l'histoire, déplore François en affirmant la perte de « 850 valeureux martyrs ». Le directeur de la rédaction de Jeune Afrique rappelle qu'en réalité « les estimations étaient jusqu'ici de 300 morts algériens et 40 marocains ». Soudan démonte l'argumentaire de Lamamra en mettant en avant la falsification de l'histoire puisque le ministre tait le contexte historique de cet événement. Et ce, en faisant particulièrement l'impasse sur le « soutien apporté par Mohammed V aux combattants algériens pendant la guerre d'indépendance, ainsi que son refus, qui fut déterminant pour la suite, d'accéder au troc que lui proposaient les Français : la rétrocession de la wilaya de Tindouf (laquelle était rattachée à la province d'Agadir jusqu'en 1952) en échange de la liquidation des sanctuaires de l'ALN dans l'Oriental ». Une fois la manipulation historique actée, François Soudan s'intéresse à l'usage de l'assertion dans le discours du diplomate algérien. A travers la phrase «l'Algérie s'interdit par principe de s'ingérer dans les affaires intérieures du royaume du Maroc » visant la note de «l'ambassadeur du Maroc aux Nations unies Omar Hilale soutenant le « droit à l'autodétermination du vaillant peuple kabyle ». Soudan souligne qu'une fois encore, le ministre algérien balaye le contexte, pourtant encore frais, de ce qu'il qualifie « la brusque réactivation de la crise saharienne » et élude les actes belliqueux de son pays en direction du Maroc. L'auteur les rappelle à son bon souvenir : «la position algérienne en faveur d'un référendum d'autodétermination est certes connue, mais on voit mal en quoi le fait d'abriter, d'armer et d'entretenir depuis 45 ans sur son territoire un front de guérilla se proclamant en état de guerre ouverte contre le Maroc entre dans le cadre de la « non-ingérence » brandie par M. Lamamra». A la lumière de l'analyse de l'article de Jeune Afrique, l'argumentaire de la diplomatie algérienne repose sur la réécriture de l'histoire et sur la mauvaise mémoire.