Rabat nie en bloc. Le Maroc a catégoriquement démenti le recours par ses services de sécurité au logiciel israélien Pegasus. Poursuites judiciaires en vue ? Beaucoup de trous dans l'enquête publiée par un consortium de plusieurs médias internationaux, laquelle cite le Maroc. Journalistes évoqués à leur insu, aucune preuve présentée, et démenti ferme du gouvernement marocain qui affirme n'avoir jamais acquis de logiciels informatiques pour infiltrer des appareils de communication, de même que les autorités marocaines n'ont jamais eu recours à ce genre d'actes. Selon ancien haut responsable du renseignement fraçais, «qui met en garde contre les apparences», il n'y a rien de très nouveau dans l'affaire Pegasus et «il sera très difficile d'avoir des preuves» «Le métier d'espion reste d'espionner. Le propre des services de renseignement est de faire des opérations et de ne pas apparaître, d'être opaque. Et le cyber donne des moyens nouveaux, difficilement détectables et inégalés en termes de pouvoir d'intrusion. Dans la lutte antiterroriste, tous les pays sont alliés, tout le monde coopère et a intérêt à coopérer» a-t-il affirmé au journal Le Parisien. Le gouvernement marocain a, deux communiqués au ton mordant, dénoncé comme mensongères les informations selon lesquelles les services de sécurité du royaume ont ciblé les téléphones de certaines personnalités à travers un logiciel informatique, et condamnant une campagne haineuse et massive contre le pays. Les services de sécurité marocains cités ? «Il faut rester prudent, et se poser la question de l'intérêt pour les services de renseignement marocains de prendre de tels risques en mettant leur diplomatie dans le rouge. Cela paraît un peu trop simple. Mon expérience m'a appris qu'il faut se méfier des apparences, c'est rarement la vérité finale. Pour espionner Emmanuel Macron, les services de renseignement marocains doivent forcément obtenir l'accord du roi, et je l'imagine mal leur donner. Ce sont les responsables politiques qui décident des missions des services. Les indices qui conduisent au Maroc peuvent être un contre-feu, une manipulation» a-t-il dévoilé. «Cette affaire pose surtout la question de l'impuissance de la France, de l'Europe à proposer des outils et technologies en téléphonie. Nous sommes dépendants d'Apple, qui se montre incapable de sécuriser les téléphones. Ce qui est plus facile à dire qu'à faire. L'entreprise israélienne NSO Group développe des capacités hors norme pour trouver des failles dans le système. Pegasus est capable d'infecter n'importe quel iPhone, y compris si les appareils fonctionnent avec les dernières mises à jour de sécurité» a-t-il détaillé. «Tout le monde écoute tout le monde», avance Eric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement. «À ma connaissance, il n'y a jamais eu de surveillance commandée par les pays alliés du Sud», avoue Vincent Nouzille, journaliste d'investigation.