Si 17 medias partenaires de la plateforme collaborative Forbidden Stories ont relayé son enquête, peu ont révélé qu'elle contient autant de zones d'ombres que d'assertions. Ce sont principalement les media anglophones qui ont fait preuve de plus de déontologie en publiant presque toute l'information mise à leur disposition. La BBC, The Washington post, The Guardian, sont parmi les rares organe de presse à avoir nuancé leurs assertions à la lumière des données mises à leur disposition, le 18 juillet. Ainsi si les medias francophones et hispanophones dans leur grande majorité ont sciemment omis de parler de tous les pays dont les leurs, pour certains, qui font partie des 21 ciblés par l'enquête, BBC diffuse ce total u lieu des 5 mis en avant par les pays occidentaux de la méditerranée du Sud. Joe Tidy, journaliste de la BBC précise : "ces allégations ici ne sont pas nouvelles, ce qui est nouveau en revanche, c'est l'ampleur du ciblage de personnes innocentes qui aurait eu lieu. Près de 200 journalistes de 21 pays ont leurs numéros de téléphone sur cette liste et d'autres noms de personnalités publiques de premier plan devraient être révélés. Plus encore, ce journaliste comme celui du Guardian ou du Washington post relèvent que : "Il y a beaucoup d'inconnues dans ces allégations – y compris d'où vient la liste et combien de numéros de téléphone ont été activement ciblés par des logiciels espions ". Tout en rappelant que NSO Group, qui commercialise le logiciel espion Pegasus, a de nouveau démenti, ce dimanche, comme l'année dernière, ces allégations. Et ce, d'autant que deux semaines auparavant, l'entreprise a publié son premier « rapport de transparence » détaillant les politiques et les engagements en matière de droits humains. The Guardian, assure pour sa part que « la présence d'un numéro de téléphone dans les données ne révèle pas si un appareil a été infecté par Pegasus ou a fait l'objet d'une tentative de piratage ». Il fait remarquer que le consortium Forbidden stories/Amnesty international insiste sur le fait « que les données sont indicatives des cibles potentielles que les clients gouvernementaux de NSO ont identifiées avant d'éventuelles tentatives de surveillance ». L'agence officielle espagnole EFE, elle a choisi de ne pas évoquer le Maroc comme pays listé. Le sentiment profondément anti-marocain et anti-monarchiste de ces medias principalement espagnols et français, est corollaire de deux phénomènes : 1/ la rétention d'informations. N'ayant pas de preuves irréfutables pour asseoir la crédibilité de cette enquête, le mieux ont-il jugé est de cacher les zones d'ombres qui entachent la crédibilité et le sérieux du travail mené. Tout en ménageant les autres pays au nombre de 21 pour abattre le Maroc principalement et évoqer légèrement le Mexique, l'Arabie saoudite, le Qatar, le Yemen, l'EAU et le Bahrein. Le parti a été pris d'ériger les personnes prétendument espionnées en épouvantails du pouvoir marocain, alors qu'il n'a aucune raison sécuritaire de les espionner. Comme un Eric Zemmour dont les préoccupations politiques sont bien éloignées du Maroc ou un Edwy Pleynel, qui pourtant est toujours très heureux d'accepter les invitations officielles du Maroc pour discourir à volonté. 2/la large diffusion de fausses informations chiffrées pour manipuler un public non averti, que des données précises pourraient impressionner. Que nous apprennent ces chiffres ? tout d'abord que sur 50 000 numéros 10 000 ont été utilisés par le Maroc, 1 des 21 pays listés. Et ce, sachant que sur ces 50.000 phones, 67 ont été expertisés. L'enquête retrace que 37 présentaient des traces d'infection. Autrement dit, Forbidden Stories s'est permis de tirer ses conclusions bancales pour accuser 21 pays, en se basant sur un échantillon représentant 0,00074% du listing de téléphones que le consortium s'est procuré. Il est utile dans le cadre de cette manipulation de l'information de dire qu'aucune preuve matérielle n'existe concernant les 10 000 numéros. Par ailleurs, les 37 téléphones expertisés ne contiennent aucune preuve technique. Les seules données sur lesquelles se base l'enquête de Forbidden Stories sont la méthodologie, tel que déclinée connue par tout expert technique. Les traces des IP utilisés par NSO sont simplement utilisées dans le cadre de leur activité dans le domaine de la sécurité. De ces détails aucune trace sur les medias sus-cités. Parlons maintenant du coût qu'une telle opération requerrait si elle était réalisable. D'après les articles en question, le Maroc aurait investi 640 fois 8 million de dollars, soit : 5,1 milliards. Une aberration patente. Qu'en conclure ? qu'il y a urgence de protéger les pays qui oeuvrent pour leur propre développement et leur souveraineté politique et économique ainsi que les divers usagers contre la propagande numérique. L'étude récente menée par l'Union européenne, « Lutter contre la désinformation en ligne : une approche européenne », s'appuie sur les exemples de pays européens, dont le cas de la France principalement, a révélé ce genre de pratique en matière de désinformation, ainsi que les moyens mis en œuvre pour que les campagnes de manipulation numérique servent certains agendas en vue d'imposer une idée, un diktat à l'opinion publique.