Plusieurs activistes du mouvement contestataire du Hirak, dont Fatiha Briki, engagée en faveur des prisonniers d'opinion et contre la torture en Algérie, ont été placés sous contrôle judiciaire jeudi soir, selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD). Mme Briki, une universitaire à la retraite, était en détention depuis le 17 juin. Parmi les militants placés sous contrôle judiciaire par le procureur du tribunal de Sidi M'hamed à Alger, figurent El Hadi Lassouli, membre d'un collectif citoyen, et deux universitaires, Sara Ladoul et Mehanna Abdesselam. Ces deux derniers font partie de la Coordination nationale des universitaires pour le changement (CNUAC), tandis que Fatiha Briki et El Hadi Lassouli sont des membres du CNLD. Aucun détail n'a filtré sur les faits qui leur sont reprochés, mais selon les avocats présents lors de leur comparution, jeudi, les débats ont tourné autour des aides financières collectées en faveur des détenus et leurs familles. Créée en 2019, en plein soulèvement pacifique du Hirak, le CNLD est une association de soutien qui recense les prisonniers d'opinion et milite pour leur libération. À l'approche des récentes élections législatives, le régime s'est efforcé ces derniers mois de briser le mouvement contestataire, empêchant ses manifestations et multipliant les interpellations et les poursuites judiciaires contre des militants, des journalistes, des avocats et des universitaires. Au moins 273 personnes sont actuellement incarcérées en Algérie, a indiqué jeudi dans un communiqué Amnistie internationale qui dénonce «l'escalade de la répression contre les activistes» du Hirak dans les mois précédant le scrutin du 12 juin. Amnistie s'alarme d'un récent amendement du code pénal élargissant la définition du terrorisme qui, selon l'organisation de défense des droits humains, pourrait servir à «réduire au silence des adversaires pacifiques et à décimer l'opposition politique». Plus de 80 ONG algériennes et internationales ont récemment interpellé le Conseil des droits de l'Homme (CDH) de l'ONU à propos de «l'escalade répressive» des autorités algériennes et de «la criminalisation incessante des libertés fondamentales».