La ministre des Affaires étrangères, Arancha González Laya, et le président du gouvernement, Pedro Sánchez, ont pris la décision d'accueillir le chef du Front Polisario, Brahim Ghali, en Espagne. Ils l'ont fait avec une telle opacité que l'utilisation d'une base militaire pour amener Ghali se faisait sans compter sur la chef de la Défense, Margarita Robles, dévoile Okdiario. «Le ministre de l'Intérieur, Fernando Grande Marlaksa, s'est opposé à la décision d'introduire en Espagne le leader du Polisario, compte tenu de la tension évidente que cette décision engendrerait avec Rabat. Un rapport de la sécurité nationale avait également mis en garde contre les tensions existantes avec Rabat. Mais Sánchez et González Laya ont ignoré les alertes et sont allés de l'avant dans leur projet» note, le 21 mai, le média espagnol Okdiario. «La ministre des Affaires étrangères a conçu un plan pour garder l'arrivée de Ghali secrère et a utilisé une base militaire pour contourner le contrôle douanier, sans prendre l'aval de la ministre de la défense, Margarita Robles. La décision a été prise par les Affaires étrangères et exécutée par ses offices eux-mêmes» détaille la même source. «González Laya a été le principal moteur de la décision d'hospitaliser Brahim Ghali à Logroño. Et c'est elle qui a préparé les détails de l'opération pour faire face à tout imprévu. Pour ce faire, la ministre a chargé son cabinet de suivre attentivement les traces du chef du Front Polisario» a rapporté la même source. «Demandez-leur de préparer un visa humanitaire. Et qu'ils disposent également d'un sauf-conduit en cas de problèmes de circulation de Ghali depuis la base de Saragosse où son avion est arrivé, jusqu'à l'hôpital de San Pedro de Logroño» a réclamé González Laya. Utilisation de la base militaire Le manque de transparence a atteint un tel point que l'utilisation de la base militaire n'a même pas été traitée avec la Défense. L'objectif était de s'assurer que personne ne sera au courant le séjour de Ghali en Espagne. Mais contre toute attente, le Maroc a appris la présence du chef du Polisario en Espagne malgré les précautions du ministère des Affaires étrangères espagnol. L'arrivée du chef du Front Polisario a eu lieu le 18 avril. Ce jour-là, Brahim Ghali a atterri à la base militaire de Saragosse après avoir emprunté un avion médicalisé en provenance d'Algérie. Son prochain arrêt était l'hôpital de San Pedro de Logroño, et il y est entré sous un faux nom pour ne pas être identifié. Son évacuation vers Espagne a été soigneusement planifiée pour ne pas laisser de trace. Le passeport algérien a permis à Ghali de voler sans problème vers Saragosse. L'autorisation de Pedro Sánchez, a permis au ministre des Affaires étrangères d'assurer sans encombre le déroulement de cette opération. L'arrivée à la base militaire était la dernière étape, et n'a pas subi le circuit ordinaire des contrôles habituels. Manœuvres pour éviter les fuites L'utilisation secrète de la base militaire de Saragosse s'ajoute au mécanisme destiné à éviter les fuites médiatiques des détails de l'opération. «Le point faible était, à partir de ce moment, une possible identification à Logroño ou, comme cela s'est produit, que le Maroc en soit prévenu. Le département de González Laya était préparé à deux éventualités : la délivrance d'un visa humanitaire et un sauf-conduit du ministère lui-même. De cette manière, la justification était matérialisée dans un document officiel» pointe Okdiario. «Encore que le plan était toujours de maintenir le secret sur le séjour en Espagne de Brahim Ghali. Il ne faut pas oublier que ce dernier doit répondre à la justice espagnole pour deux plaintes pour crimes de viol, meurtre, blessures, détention illégale, terrorisme, torture, disparitions et contre l'humanité. Par ailleurs, le chef du Front Polisario a été dénoncé par une réfugiée sahraouie qui l'accuse de viol et de torture» affirme Okdiario. Document de référence «En effet, après avoir appris la présence de Brahim Ghali en Espagne, la police a déjà procédé à la remise de la citation à témoigner devant le juge Pedraz début juin. Et le dirigeant du Polisario a refusé de signer le document, précisément à cause de sa stupéfaction face aux fuites dans la presse de son séjour en Espagne» soutient la même source. «Le gouvernement de Pedro Sánchez n'a accordé la moindre importance aux rapports de la sécurité nationale qui mettaient en garde contre la tension croissante avec le Maroc. Moncloa savait depuis novembre, comme l'indique la Sécurité nationale, que le conflit entre le Maroc et le Front Polisario sur le Sahara occidental avait acquis un aspect délicat et pouvait affecter directement et négativement les intérêts de l'Espagne» assure Okdiario. «Pedro Sánchez a ignoré l'alerte et a décidé d'accueillir le leader du Polisario, Brahim Ghali, touché par un coronavirus et admis dans un hôpital de Logroño. Et cela a été la paille qui a brisé le dos du chameau et a conduit à la réaction marocaine, favorisant l'avalanche de quelque 10 000 immigrants qui sont entrés illégalement à Sebta», souligne la même source. «Plus précisément, le ministère de la Sécurité nationale (DSN) a alerté la Moncloa (palais de la Moncloa, résidence officielle du président du gouvernement espagnol) il y a des mois sur la situation au Sahara, les Etats-Unis intervenant également pour soutenir le Maroc, tandis que l'Espagne optait pour la neutralité passive. Pour la DSN, le soutien de l'administration américaine au Maroc dans le conflit du Sahara a fragilisé la position de l'Espagne», pointe la même source. Une alerte ignorée par Sánchez Une alerte que l'exécutif de Sánchez a complètement ignoré à la lumière des événements qui se sont produits. «Dans la région du Sahara, depuis novembre 2020, le conflit s'est intensifié dans la région de Guerguerat, entre le Front Polisario et les Forces Armées royales marocaines.»