Le sort de familles palestiniennes menacées d'expulsion par des colons juifs a été à l'origine de manifestation, faisant plus de 300 blessés depuis vendredi. La justice israélienne a annoncé, dimanche 9 mai, le report d'une audience très attendue de la Cour suprême, prévue lundi, sur le sort de familles palestiniennes menacées d'éviction par des colons israéliens à Jérusalem-Est. Ce dossier est à l'origine de manifestations ayant fait plus de 300 blessés ces derniers jours. «A la lumière du contexte actuel et à la demande du procureur général, l'audience prévue demain a été annulée», a déclaré le ministère de la justice dans un communiqué, précisant qu'une nouvelle date serait annoncée «d'ici les trente prochains jours». Vendredi soir, plus de 220 personnes, majoritairement des Palestiniens, ont été blessées lors de heurts avec des policiers israéliens sur l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam et site le plus sacré pour les juifs. Samedi soir, de nouveaux affrontements ont eu lieu à Jérusalem-Est, dans les secteurs de la porte de Damas, Bab Al-Zahra et Cheikh-Jarrah faisant une centaine de blessés, tandis que la police israélienne a évoqué 17 policiers blessés et neuf arrestations. Au total, 29 mineurs palestiniens ont été blessés ce week-end. Dans le quartier de Cheikh-Jarrah, théâtre de protestations quotidiennes depuis plusieurs jours contre la possible éviction de familles palestiniennes au profit de colons israéliens, des Palestiniens ont lancé des pierres sur les forces de l'ordre israéliennes qui ont fait usage de balles en caoutchouc et de grenades assourdissantes. Appels internationaux à la fin des heurts Dimanche, l'esplanade des Mosquées était relativement calme, mais la tension restait palpable dans la Vieille Ville, les heurts intervenant en fin de journée, voire en soirée, après la rupture du jeûne. Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a averti que l'Etat hébreu «continuera d'assurer la liberté de culte, mais n'autorisera pas des émeutes violentes». «Nous ferons respecter la loi et l'ordre, avec fermeté et responsabilité», a déclaré M. Nétanyahou, tout en défendant le développement des colonies juives dans la partie orientale de Jérusalem, occupée et annexée depuis 1967 par l'Etat hébreu. Premier allié de l'Etat hébreu, les Etats-Unis ont appelé «responsables israéliens et palestiniens à agir pour mettre un terme à la violence» et exprimé leur inquiétude quant à «l'expulsion potentielle des familles palestiniennes de Cheikh-Jarrah». Les Emirats arabes unis, Bahreïn, le Maroc et le Soudan – quatre pays arabes ayant normalisé leurs relations avec Israël ces derniers mois – ont fait état de leur «profonde inquiétude», alors que le quartette sur le Proche-Orient (Etats-Unis, Russie, ONU, Union européenne) a appelé Israël à faire preuve de «retenue». Le pape François a également évoqué la crise lors de sa prière dominicale, en déclarant : «La violence engendre seulement la violence. Arrêtons ces heurts.» Les violences s'étendent à la bande de Gaza Le Hamas, mouvement islamiste palestinien qui contrôle la bande de Gaza, a appelé les Palestiniens à rester sur l'esplanade des Mosquées et menacé Israël d'attaques, si la Cour suprême validait les évictions de Cheikh-Jarrah. Dans la bande de Gaza, les soldats israéliens ont tiré des gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants palestiniens rassemblés près de la barrière de séparation, érigée par Israël dans cette enclave de deux millions d'habitants sous blocus. Des ballons incendiaires ont, en outre, été lancés samedi soir, mais aussi dimanche, depuis Gaza vers le sud d'Israël, selon les autorités israéliennes qui font état de plusieurs feux de brousse déclenchés par ces projectiles. Une roquette a été lancée tôt, dimanche matin, depuis Gaza «vers le territoire israélien», a fait savoir l'armée disant avoir riposté par une frappe aérienne sur «un poste militaire du Hamas» dans le sud de la bande de Gaza. La bande de Gaza prépare de nouvelles manifestations, dimanche soir, en solidarité avec les Palestiniens de Jérusalem. Des manifestations sont aussi prévues en soirée en Cisjordanie occupée, où l'armée israélienne a annoncé avoir déployé trois bataillons supplémentaires, afin de «renforcer la défense de la région de Jérusalem».