Environ 3.000 manifestants israéliens et palestiniens, se sont rassemblés samedi soir dans le quartier arabe de Cheikh Jarrah à Jérusalem-Est pour dénoncer la colonisation israélienne dans cette partie de la ville, et les expulsions de familles palestiniennes de maisons où elles vivent depuis des décennies pour y loger des colons juifs. Les manifestants, organisés au sein d'un collectif de mouvements pacifistes et d'extrême-gauche, brandissaient des drapeaux rouges, israéliens portant l'inscription "Shalom" (paix en hébreu), et palestiniens. Ils ont également scandé "Non à l'épuration ethnique" ou "Habitants de Cheikh Jarrah ne désespérez pas, nous barrerons la route à la colonisation". Ce rassemblement est le plus important organisé depuis plusieurs dizaines d'années contre la colonisation à Jérusalem. De très importantes forces de l'ordre étaient déployées pour cette manifestation que les responsables de la police avaient voulu interdire. Elle a été finalement été autorisée à la suite d'un appel à la cour suprême présenté par des mouvements d'extrême-gauche. De vives tensions règnent depuis quelques jours dans la Vieille ville dans et autour de l'esplanade des Mosquées ainsi que dans plusieurs quartiers arabes de Jérusalem à la suite d'affrontements entre manifestants palestiniens et policiers israéliens. Jérusalem-Est a été conquis par Israël lors de la guerre de juin 1967. L'Etat hébreu a ensuite annexé cette partie de la ville et y a construit une douzaine de nouveaux quartiers où résident plus de 200.000 Israéliens. Cette annexion n'a jamais été reconnue par la communauté internationale. Les Palestiniens dénoncent la colonisation de Jérusalem-Est dont ils veulent faire la capitale de leur futur Etat. Les heurts ont opposé ce dernier week end policiers israéliens et manifestants palestiniens sur l'esplanade des Mosquées. Une trentaine de manifestants ont été blessés, dont dix par des balles en caoutchouc et une quinzaine incommodés par des gaz lacrymogènes, a-t-on appris auprès d'hôpitaux. A Ramallah en Cisjordanie occupée, le porte-parole de la présidence palestinienne, Nabil Abou Roudeina, a condamné "l'escalade de la violence israélienne à Jérusalem et ailleurs en Cisjordanie qui vise à saboter les efforts américains L'Organisation de la Conférence islamique (OCI) a dénoncé samedi "une profanation des lieux saints" après l'intervention de la police israélienne sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem, mettant en garde contre "une guerre de religions". Dans un communiqué, le secrétaire général de l'OCI, le Turc Ekmeleddin Ihsanoglu, a déclaré que "les agissements de la police israélienne sont considérés comme un sacrilège, une profanation des lieux saints islamiques, une infraction au droit international et une atteinte flagrante à la liberté de culte, ce qui peut entraîner la région dans une guerre de religions". Il a exhorté la communauté internationale à "prendre conscience de la gravité des violations israéliennes et de la menace qu'elles font planer sur le présent et l'avenir de la région". Vendredi, des heurts ont éclaté sur l'esplanade des Mosquées à la suite d'une manifestation de Palestiniens ponctuée de jets de pierres, au moment où les efforts diplomatiques américains s'accélèrent pour relancer le processus de paix israélo-palestinien.