L'Arabie saoudite a annoncé vendredi la suspension des importations de fruits et légumes en provenance du Liban, affirmant que des cargaisons étaient utilisées pour faire de «la contrebande de drogue» et accusant Beyrouth d'inaction. «Les produits libanais sont utilisés pour faire passer de la drogue sur le territoire du royaume et les produits les plus utilisés pour la contrebande sont les fruits et légumes», a indiqué le gouvernement saoudien, cité par l'agence officielle SPA. Selon cette source, Riyad «a décidé d'interdire l'entrée dans le royaume ou le passage par celui-ci des fruits et légumes libanais à partir du dimanche 25 avril». Cette disposition restera en vigueur «jusqu'à ce que les autorités libanaises fournissent des garanties suffisantes et fiables sur les mesures permettant de mettre fin aux opérations de contrebande systématique ciblant le royaume». Les autorités saoudiennes affirment avoir signalé le problème «à plusieurs reprises» à leurs homologues au Liban, mais qu'«aucune mesure pratique n'a été prise». Une vidéo publiée par SPA montre des policiers saoudiens saisir des cargaisons de grenades, les fruits dissimulant à l'intérieur de petits sacs contenant des comprimés d'amphétamine. Au total, les douanes du port de Jeddah (ouest) ont retrouvé plus de 5,3 millions de comprimés de captagon dans ces fruits importés du Liban, selon SPA. Les forces de sécurité libanaises ont annoncé à plusieurs reprises des saisies de captagon à destination de pays du Golfe, notamment l'Arabie saoudite. Le captagon est une amphétamine tirée d'un ancien médicament psychotrope, selon un rapport de l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT). Il précise qu'il est fabriqué notamment au Liban, probablement aussi en Syrie et en Irak, et essentiellement à destination de l'Arabie saoudite. Naeem Khalil, patron des exportateurs libanais de fruits et légumes, a réagi auprès de médias en affirmant que ce n'était pas la saison des grenades actuellement dans son pays. Selon lui, la cargaison saisie par la douane saoudienne n'était pas libanaise, mais avait transité par le Liban en provenance de Syrie. Le ministère libanais des Affaires étrangères a indiqué, selon l'agence de presse nationale, avoir été informé de la décision saoudienne. «Le trafic de drogue nuit à l'économie du Liban, à ses agriculteurs et à sa réputation», a-t-il relevé. Le Liban est plongé dans une grave crise économique depuis l'été 2019 avec une monnaie nationale qui s'est effondrée tandis que la pauvreté et le chômage explosaient. Riyad a pris ses distances avec Beyrouth, jadis un partenaire proche, ulcéré par la forte influence du Hezbollah, mouvement chiite allié à son grand rival du Golfe, l'Iran. Le ministère saoudien de l'Intérieur surveille également d'autres produits arrivant du Liban, pour éventuellement leur imposer la même sanction.