Dans le contexte de crise sanitaire, lié à la pandémie, la très petite entreprise (TPE) a été lourdement impactée en matière de délais de paiement, a indiqué mercredi, le directeur études et communication à Inforisk, Amine Diouri. Intervenant lors d'un webinaire sous le thème «Délais de paiement: Situation et plan de sauvetage» organisé par la Chambre de commerce suisse au Maroc, M. Diouri a relevé qu'en matière de délais de paiement, la petite ou moyenne entreprise (PME) ne «souffre pas dans les mêmes ordres de grandeur» que la TPE. Il a, à cet effet, souligné que si l'on regarde la situation des grandes entreprises, on s'aperçoit que la situation est assez paradoxale, dans la mesure où les délais fournisseurs sont au dessus des délais clients, en l'occurrence, la grande entreprise paye plus tardivement qu'elle ne reçoit son argent. En outre, l'expert a indiqué que le crédit inter-entreprise s'est situé au delà de 400 milliards de dirhams (MMDH) en 2019, dépassant l'encours de crédit desservi aux entreprises non financières privées depuis plus de dix ans, ce qui fait de lui la première source de financement des entreprises marocaines. Evoquant la crise, M. Diouri a fait savoir qu'en début de pandémie, les entreprises ont eu beaucoup plus de difficultés à retrouver leurs créances et les délais de paiement se sont encore allongés de 40 à 49 jours. M. Diouri a, par ailleurs, rappelé que la résilience des entreprises qui ont réussi à surmonter l'année 2020 en matière de défaillances, revient aux aides de l'Etat, notamment à travers Damane Relance, Damane Oxygène, ou tout autre programme ayant permis de contenir ce besoin de BFR supplémentaire qui est né avec cette pandémie. Pour sa part, Ahmed Belfahmi, chef de division à la Direction des Entreprises Publiques et de la Privatisation (DEPP), a relevé que les établissements et les entreprises publiques (EPP) constituent la principale composante de l'Etat, en termes de commandes publiques, d'investissements et de problématiques également. Il a, à cet effet, indiqué que bien qu'il soit un acteur majeur dans la croissance économique et porteur de grands chantiers et projets, le secteur des EPP comporte des limites, notamment liées à l'extension du portefeuille public, la concentration des performances et faiblesses des transferts vers l'Etat, le risque de surendettement, ainsi que la dépendance du Budget Général de l'Etat (BGE) et l'essoufflement des modèles économiques. «C'est dans ce sens que le ministère de l'Economie, des finances et de la réforme de l'administration a mis en place des actions concrètes, à même de maitriser les délais de paiement des EEP, avec comme défi le maintien de la tendance positive de ces délais en plus d'aider les TPE et PME à dépasser les difficultés de trésorerie», a-t-il soutenu. Il a été aussi question d'accompagner les EEP via l'accélération des transferts budgétaires du BGE et l'activation des procédures d'apurement de leur crédit de TVA, outre le suivi des différentes réclamations des fournisseurs déposées au niveau de la plateforme AJAL, a-t-il ajouté. De son côté, le directeur Général d'Euler Hermes ACMAR, Hicham Alaoui Bensaid, a noté qu'en pleine période de pandémie, le risque de contrepartie a mécaniquement augmenté dans des proportions très substantielles, se traduisant au Maroc notamment par une projection de hausse des défaillances des entreprises. Après avoir explicité la place de l'assurance-crédit dans la gestion des risques face aux impayés, M. Bensaid a souligné l'impératif de disposer d'un bon système de prévention de risque, afin d'apporter une réponse circonstanciée et proportionnée à la conjoncture actuelle.