Les attentats-suicides sont devenus un répertoire d'action privilégié des mouvements islamistes radicaux contemporains., dont le takfiriste Mohamed Hajib faisait partie. Ce dernier distille ses injonctions sur le web, décrétant que la société est impie et que la Oumma est en état de guerre. «Mohamed Hajib, ex-détenu et figure du salafisme marocain, a appelé publiquement ses compatriotes désireux de se suicider à commettre des attentats au Maroc. Les autorités allemandes n'ont, pour l'heure, pas réagi» écrit Jeune Afrique, ce vendredi 18 mars. Pour rappel, depuis 2017, la Cour constitutionnelle fédérale allemande autorise l'expulsion sans mise en garde préalable d'étrangers jugés dangereux. Dans une vidéo diffusée sur sa chaîne YouTube début mars, Mohamed Hajib, fervent intégriste islamiste, condamné à dix ans pour terrorisme, appelle ses compatriotes à commettre des attentats-suicides. Des propos qui n'ont suscité aucune réaction de l'Allemagne, elle qui se prévaut de la prévention pénale du terrorisme, caractéristique majeure de la politique criminelle antiterroriste dans le pays depuis une vingtaine d'années. «Des incitations au terrorisme qui ne sont pas passées inaperçues, et qui ont provoqué de vives réactions, y compris du côté de la mouvance salafiste marocaine. "Tu es un lâche terroriste !", s'est ainsi indigné Bouchta Charef, son ex-compagnon de cellule, pointant au passage les méthodes de Hajib, ancien volontaire du djihad en zone pakistano-afghane» note la même source. L'homme n'en est pourtant pas à coup d'essai, note Jeune Afrique : condamné pour «constitution d'une bande criminelle» et libéré en 2017 (après des pressions de l'ONU), il s'est déjà illustré sur par des propos «takfiristes» contre les «mécréants» ou «apostats». C'est ainsi qu'en Allemagne, qui abrite d'importantes communautés musulmanes issues de l'immigration, les propos de Mohamed Hajib et d'autres islamistes radicaux ( Tabligh, salafisme, etc) sont peu à peu parvenues à noyauter les plus importantes structures associatives religieuses liées à l'Islam et même à bénéficier de la complaisance des pouvoirs publics allemands. Une enquête récente a démontré que les terroristes savent se jouer des frontières. Plusieurs d'entre-eux, arrivés en Allemagne, ont été enregistrés comme demandeurs d'asile sous plusieurs noms pour percevoir des aides sociales. Malgré les alertes de plusieurs agences, dont les services secrets marocains, plusieurs radicaux ayant fréquenté les milieux salafistes et adhéré aux objectifs de l'Etat islamique mènent en Allemagne une vie paisible. Cette enquête révèle aussi la question de l'efficacité et du sérieux du travail des administrations allemandes, régionales ou fédérales, chargées des questions de l'immigration et du terrorisme, souvent accusées d'incurie ou de laxisme ; elles sont défaillantes car mal coordonnées.