Des membres de la délégation des talibans discutent entre deux séances de négociations avec le gouvernement afghan, le 12 septembre 2020 à Doha, au Qatar. Moscou s'est dit vendredi favorable à la formation d'une «administration» intérimaire incluant les talibans pour diriger l'Afghanistan, à l'heure où les efforts se multiplient pour aboutir à un accord de paix avant un possible retrait américain. Ces déclarations interviennent moins d'une semaine avant la tenue à Moscou de pourparlers auxquels participeront les autorités de Kaboul et les talibans, en présence de plusieurs délégations internationales dont celle de Washington. Parallèlement, la Turquie a annoncé vendredi vouloir accueillir des pourparlers de paix afghans à Istanbul en avril, selon son ministre des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu. «La formation d'une administration par intérim inclusive serait la solution logique au problème de l'intégration des talibans dans la vie politique» afghane, a dit aux journalistes la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova. Le temps pour un accord presse à l'approche de la date butoir du 1er mai, après laquelle Washington pourrait retirer ses militaires d'Afghanistan. En conséquence, les Américains tentent de donner un coup de fouet aux discussions visant à chercher une solution pacifique au conflit afghan. Les Etats-Unis ont notamment soumis une nouvelle proposition de paix aux autorités de Kaboul et aux talibans, prévoyant entre autres la création d'un «nouveau gouvernement inclusif», selon une lettre du chef de la diplomatie américaine Antony Blinken révélée par des médias afghans. Lundi, Washington a appelé à une «accélération» du processus de paix en Afghanistan, en estimant que des progrès étaient «possibles». Discussions à Istanbul Afin d'y parvenir, Washington avait proposé de relancer les pourparlers de paix entre Kaboul et les insurgés «dans les prochaines semaines» en Turquie, tout en instaurant pendant ce temps une période de «réduction de la violence» de 90 jours pour éviter la traditionnelle offensive de printemps des talibans. En réponse à cette proposition, Mevlüt Cavusoglu, cité par l'agence de presse étatique Anadolu, a confirmé la tenue de pourparlers de paix à Istanbul en avril, précisant que «la date précise et le contenu» sont en discussion. Les pourparlers à Istanbul viendront en appui du processus qui a lieu au Qatar, où des négociations de paix interafghanes ont été lancées en septembre, a souligné M. Cavusoglu. «Quel est notre but ? C'est de prolonger les discussions entre les talibans et le gouvernement [afghan] en nous concentrant sur l'obtention de résultats concrets», a-t-il ajouté. Evoquant la réunion du 18 mars à Moscou, Mme Zakharova a elle précisé vendredi que le Qatar en était l'invité d'honneur, les discussions ayant pour but «de promouvoir les négociations interafghanes de Doha, de réduire la violence et de mettre fin au conflit armé en Afghanistan», selon elle. La Chine et le Pakistan sont également attendus. En vertu d'un accord séparé avec les talibans conclu en février à Doha, les Etats-Unis ont accepté de retirer toutes leurs troupes d'Afghanistan d'ici mai 2021 en échange de garanties en matière de sécurité et d'un engagement des talibans à discuter avec Kaboul. L'armée américaine ne compte plus depuis le début de l'année que 2500 hommes en Afghanistan, le chiffre le plus bas depuis 2001 et son intervention suite aux attentats du 11 septembre. Le retrait possible des Etats-Unis inquiète toutefois le régime en place à Kaboul, alors que les talibans ont intensifié leurs attaques contre les forces afghanes ces derniers mois.