L'Algérie, non seulement elle nie renforcer à la fois la lutte contre les groupes djihadistes et le retour de la légalité dans les territoires délaissés de la région du Sahel, quelques jours après le G5 Sahel de N'Djamena, mais le MDN, dans un communiqué virulent, attaque le Maroc et Israël, alors que Rabat endure l'ingérence algérienne dans ses affaires intérieures, qui se manifeste sous la plus odieuse de ses formes depuis de longs mois. Pour détourner les regards sur les crises incessantes du pays et le retour du Hirak ? Depuis la reprise des marches pacifiques du Hirak en Algérie, le régime de Tebboune cherche à faire diversion. Le ministère algérien de la défense a démenti dimanche les informations selon lesquelles le pays prévoyait d'envoyer des troupes dans la région du Sahel, a rapporté Radio Algérie. Ces «informations» mal intentionnées et fausses «visent à semer le chaos et à déstabiliser l'Algérie», a déclaré le ministère cité par la radio d'État dans un communiqué. Toute participation potentielle des troupes de l'armée à des missions à l'étranger serait décidée par la volonté populaire dans la constitution, a noté le ministère. Certains médias étrangers ont rapporté récemment que l'Algérie avait convenu avec la France d'envoyer des troupes pour soutenir le groupe de coopération G5 Sahel (G5S) pour lutter contre les menaces terroristes. Toutefois, le communiqué cite le Maroc et Israël comme sources de ces informations, sans preuves. La France et les pays du G5 Sahel (Niger, Tchad, Mauritanie, Burkina Faso, Mali), ne pourront pas compter sur l'Algérie pour faire face à la recrudescence des attaques djihadistes dans la région. Si la fidélité de l'Algérie au principe de non-ingérence est le reflet de la façon dont elle souhaite être traitée elle-même, il s'avère que le Maroc (essentiellement) est devenu une obsession permanente. «Certaines parties et porte-voix de la discorde» s'évertuent à travers «leurs pages et comptes subversifs sur les réseaux sociaux» à répandre «des allégations dénuées de tout fondement», relativement à «des actions et les opérations menées par l'institution militaire, au niveau interne et externe», conformément à «des agendas et des instructions émanant de parties étrangères». Selon le MDA, les informations selon lesquelles «l'ANP s'apprête à envoyer des troupes pour participer à des missions militaires en dehors de[s] frontières nationales sous le chapeau de puissances étrangères dans le cadre du G5 Sahel» sont «des intox qui ne peuvent provenir que d'ignares à la solde des services du Makhzen marocain et sionistes.» Seulement, la réforme de la Constitution voulue par le président mal élu Abdelmadjid Tebboune a ouvert la voie à un possible déploiement de l'armée algérienne à l'étranger, un changement majeur dans la doctrine militaire du pays, qui écartait toute intervention hors de ses frontières. Pourquoi donc s'attaquer au Maroc et à Israël, soupçonnés selon le MDN de dire cela ? Deux ans après sa naissance, le Hirak, fortement entravé par la répression du régime algérien, cherche à renaître. Le mouvement de contestation antirégime, qui a remis en cause le processus de réforme constitutionnelle et qui rejette la Loi fondamentale retaillée sur mesure pour le successeur d'Abdelaziz Bouteflika, constitue la plus grave menace pour la survie du régime de Tebboune. Comme les amendements au Code pénal adoptés en 2020 ne suffisent pas pour mater le Hirak, les informations sur un possible engagement algérien dans des conflits transfrontaliers ou extraterritoriaux en fonction de circonstances actuelles est la nouvelle trouvaille du régime pour gagner du temps. Formé en 2014 par cinq pays du Sahel, à savoir le Niger, le Mali, le Tchad, la Mauritanie et le Burkina Faso, le G5 Sahel est un cadre institutionnel de coopération régionale en matière de politiques de développement et de sécurité en Afrique de l'Ouest. L'Algérie n'a pas rejoint le G5S, car elle avait créé en 2010 le Comité d'état-major opérationnel conjoint avec le Mali, la Mauritanie et le Niger pour lutter contre le terrorisme et la criminalité organisée dans la région, une entité dont l'utilité est très douteuse. En novembre 2020, l'Algérie a adopté une nouvelle constitution qui contient quelques articles controversés, comme la possibilité, pour la première fois dans l'histoire de l'Algérie, d'envoyer «des troupes à l'étranger pour soutenir les missions de maintien de la paix de l'ONU».