Le patron de l'OMS a affirmé vendredi que «toutes les hypothèses restent sur la table» pour expliquer l'origine de la pandémie après une mission d'un mois d'experts mandatés par l'organisation en Chine. Les experts ont semblé exclure l'hypothèse que le virus ait pu s'échapper de l'institut de virologie de la ville, comme l'administration Trump l'affirmait, lors de leur conférence de presse lundi à Wuhan à la fin de leur mission. Ils ont évoqué une hypothèse «hautement improbable». «D'aucuns se sont interrogés pour savoir si certaines hypothèses (sur l'origine de la pandémie, Ndlr) avaient été abandonnées et après avoir discuté avec les membres de l'équipe je souhaite confirmer que toutes les hypothèses restent sur la table», a dit le directeur général Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors de la conférence de presse bi-hebdomadaire sur la pandémie. «Cela a été un exercice scientifique très important dans des circonstances très difficiles», a souligné le Dr Tedros. Il a indiqué «espérer» qu'un rapport préliminaire sur la mission puisse être publié la semaine prochaine et le rapport final «dans les semaines à venir». Les premières conclusions présentées lors d'une conférence de presse des experts en Chine ont été accueillies pour le moins avec prudence voire scepticisme notamment aux États-Unis. «Plutôt que de sauter sur des conclusions qui peuvent être motivées par tout sauf par la science, nous voulons voir où les données nous conduisent, où la science nous conduit, et nos conclusions seront fondées là-dessus», a déclaré mardi le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price, qui a toutefois ajouté : «nous soutenons totalement cette enquête». «De nombreux succès» Présent à la conférence de presse à Genève, Peter Embarek, qui dirigeait l'équipe de scientifiques venus de différents pays et différentes disciplines, a estimé que l'enquête «avait rencontré de nombreux succès». «Nous avons une meilleure compréhension de ce qui est arrivé en décembre 2019», à Wuhan, a-t-il dit, tout en soulignant que ce «n'est qu'un début». La mission n'a pu se rendre en Chine qu'en janvier, soit un peu plus d'un an après le début d'une épidémie qui depuis a fait 2,3 millions de morts et mis l'économie mondiale à genoux, la Chine semblant très réticente à laisser venir ces spécialistes. «Il aurait été difficile d'y aller plus tôt», a affirmé M. Embarek, soulignant qu'une mission préparatoire était allée en Chine l'été dernier et qu'il avait ensuite fallu rassembler les experts aussi bien internationaux que chinois et planifier la visite. «Ce n'était pas le type de mission où on trace un animal dans le marché, ou un patient, où on cherche ce type de preuves», a-t-il expliqué. «Si nous avions fait une enquête de ce type sur le terrain, à la recherche des premiers animaux (porteurs du virus Ndlr), des premiers patients, c'est quelque chose qui aurait pu être fait peut-être en décembre quand l'épidémie a été détectée», a-t-il ajouté. Il a souligné que le premier réflexe dans ces cas là est de «traiter les patients, comprendre la maladie, de trouver les cas, et pas tenter de comprendre comment c'est arrivé». «Mais peut-être que c'est quelque chose qu'il faudra étudier à l'avenir pour savoir comment mieux répondre à des épidémie de nouvelles maladies», a-t-il reconnu.