Les premières livraisons de vaccins sont arrivées respectivement de Chine et de Grande-Bretagne pour le royaume chérifien. L'Algérie, qui compte sur la générosité russe, attend. Le Maroc a débuté sa campagne de vaccination contre le nouveau coronavirus, vendredi 29 janvier, ont déclaré les autorités dans un communiqué officiel. L'Algérie, après moult cafouillages, s'attend à lancer l'opération anti-Covid qui a longtemps traîné, le 30 janvier. Dans le royaume chérifien, c'est la vaccination du roi Mohammed VI, jeudi, au palais de Fès, qui a donné le coup d'envoi de la campagne. Une photographie officielle accompagnant le communiqué royal montre le souverain âgé de 57 ans, le visage protégé par un masque sanitaire, recevant l'injection en levant la manche de son tee-shirt noir. Le Maroc avait indiqué, fin décembre 2020, avoir commandé 65 millions de doses des vaccins britanniques AstraZeneca et chinois Sinopharm et avoir reçu récemment les premières livraisons. La campagne de vaccination «se déroulera de façon progressive (...) et bénéficiera à l'ensemble des citoyens marocains et résidents de 17 ans et plus», soit environ 25 millions de personnes sur les 36 millions d'habitants que compte le royaume. Elle «sera gratuite pour l'ensemble des citoyens, l'objectif étant d'immuniser toutes les composantes du peuple marocain (...) dans la perspective d'un retour progressif à une vie normale», selon le communiqué. L'état d'urgence sanitaire est en vigueur depuis la mi-mars dans le pays, qui a enregistré plus de 469 000 cas de contamination et 8 224 décès. La crise sanitaire a profondément affecté l'économie marocaine, où un couvre-feu a été réinstauré depuis le 23 décembre 2020. La pandémie touche avant tout les villes à forte densité urbaine, comme la capitale économique Casablanca (ouest) et la ville populaire de Salé, accolée à Rabat. Les premières injections sont réservées en priorité aux professionnels de la santé de plus de 40 ans, aux autorités publiques, aux militaires, aux enseignants de plus de 45 ans, mais aussi aux plus de 75 ans. Le ministère de la santé a lancé vendredi une campagne de communication sur le thème «je me protège et je protège mon pays» et les premiers rendez-vous devraient commencer vendredi matin. Démarrage à Blida De son côté, l'Algérie devrait recevoir, à l'aéroport militaire de Boufarik, près de Blida, les premières doses du vaccin russe Spoutnik V vendredi et la campagne de vaccination commencera dès le lendemain dans cette ville du centre du pays, premier foyer de l'épidémie en mars 2020. «La campagne débutera symboliquement samedi à partir de Blida», a affirmé le ministre de la communication Ammar Belhimer, cité par l'agence officielle APS, en ajoutant que cette opération concernera d'abord le personnel médical, les personnes âgées et les malades chroniques. La quantité de doses qui doivent être livrées n'a pas été précisée. Fin décembre 2020, Alger avait annoncé avoir commandé chez son allié russe 500 000 doses de vaccin. Le plus grand pays du Maghreb avec ses 44 millions d'habitants doit également recevoir un lot de vaccins de Sinopharm dans les prochains jours en provenance de Chine, autre partenaire traditionnel de l'Algérie. «Et d'autres vaccins seront bientôt réceptionnés d'Inde et d'autres pays», a promis M. Belhimer. Le professeur Ryad Mahyaoui, membre du comité scientifique algérien, a récemment fait état d'une commande auprès du laboratoire britannique AstraZeneca et de l'université d'Oxford, attendue en février. Actuellement soigné d'un pied en Allemagne à la suite de «complication » post-Covid, le président algérien Abdelmadjid Tebboune avait demandé au gouvernement en décembre d'accélérer l'acquisition du vaccin et de lancer les opérations de vaccination «dès janvier». Le flou qui a entouré la date de l'arrivée des premières doses a déclenché un début de polémique dans les médias algériens. Le budget global pour la campagne de vaccination devrait atteindre 20 milliards de dinars (122 millions d'euros), selon le Comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie. Dans une fatwa, le ministère des affaires religieuses a souligné, jeudi, que la vaccination contre le coronavirus est «essentielle pour faire face à la pandémie et ne constitue pas de danger pour la santé des citoyens et citoyennes». «Les vaccins disponibles ne contiennent pas de composants interdits par la charia [loi islamique]», a insisté la commission des fatwas du ministère, un organe religieux consultatif. Le nombre de contamination au nouveau coronavirus dépasse officiellement les 106 000 cas en Algérie, dont près de 2 900 décès, selon le dernier bilan du ministère de la santé. Enfin, parmi les voisins de l'Algérie et du Maroc, la Tunisie, qui connaît une accélération des contaminations, a prévu de procéder aux premières vaccinations en février.