Poursuivi depuis 2017 pour «blanchiment d'argent» et «évasion fiscale», M. Karoui avait déjà été incarcéré en août 2019 puis relâché en octobre de la même année, peu avant le second tour du scrutin. 'homme d'affaires Nabil Karoui, ancien candidat malheureux à l'élection présidentielle tunisienne de 2019, a été arrêté jeudi 24 décembre à la suite d'un mandat de dépôt émis contre lui par le pôle financier judiciaire de Tunis. Poursuivi depuis 2017 pour «blanchiment d'argent» et «évasion fiscale», M. Karoui avait été déjà incarcéré en août 2019 puis relâché en octobre de la même année, peu avant le second tour du scrutin, remporté par son rival, Kaïs Saïed. Magnat de l'audiovisuel Né en 1963 à Bizerte, au nord-ouest de Tunis, M. Karoui a grandi dans une famille modeste sans être pauvre. Son père était cadre dans une entreprise privée de marbre et sa mère, d'origine algérienne, femme au foyer. Elève peu brillant – il rate son bac à plusieurs reprises –, il part à Marseille et entame des études de commerce. En 1992, après la création de la filiale Afrique – Moyen-Orient de Canal+, il rejoint à Tunis la chaîne Canal+ Horizons au poste de directeur commercial et lance, quatre ans plus tard, sa propre société de communication au côté de son frère, Ghazi. Karoui & Karoui, c'est son nom, perce les marchés algérien et marocain en plus du marché tunisien. Les campagnes publicitaires sur une téléphonie mobile en plein essor s'y avèrent très lucratives. Fort de ses succès, M. Karoui décide de se lancer dans la télévision, secteur monopolisé par l'Etat. En 2007, il crée la chaîne de télévision Nessma avec l'assentiment du chef de l'Etat d'alors, Zine El-Abidine Ben Ali, auquel M. Karoui doit faire allégeance – condition du feu vert présidentiel – en le gratifiant publiquement d'un «Ben Ali est notre père» resté dans les mémoires. Lors de la campagne de 2019, M. Karoui avait fait de la lutte contre la pauvreté son cheval de bataille, distribuant électroménager et biens divers à travers le pays sous l'œil des caméras de Nessma. Il est également le fondateur de Qalb Tounes («au cœur de la Tunisie»), parti arrivé deuxième aux législatives d'octobre 2019 en remportant 38 sièges sur 217 au Parlement. Allié au parti d'inspiration islamiste Ennahda, première force au Parlement avec 54 sièges, Qalb Tounes occupe actuellement 30 sièges après plusieurs démissions. De multiples procédures ont été ouvertes ces dernières années contre cet ex-proche du pouvoir, ou contre sa chaîne Nessma, qui émet sans licence.