La récente émission Eurobond du Trésor de 27 milliards de dirhams (MMDH) constitue un matelas confortable pour débuter l'année 2021 sans grande pression sur les taux obligataires, selon les analystes d'Attijari Global Research (AGR). Cette opération permettrait au Trésor de largement financer ses besoins d'ici la fin de l'année, indique AGR dans son dernier "Budget focus", publié sous le titre "Sortie à l'international: le marché domestique reprend son souffle", prévoyant "une inversion de la tendance haussière des taux en raison d'un recours nettement moins prononcé du Trésor au marché intérieur". Durant le seul mois de novembre, le Trésor a levé sur le marché local 23 MMDH face à un besoin annoncé de 15,3 MMDH, rappelle la même source. Par ailleurs, les analystes de la filiale d'Attijariwafa Bank, dédiée à la recherche, estiment que le besoin de financement brut du Trésor d'ici la fin de l'année 2020 devrait s'établir à 30,9 MMDH, notant que ce besoin résulterait du reliquat de financement du déficit budgétaire ainsi que les arriérés du Trésor estimés par la loi de finances rectificative (LFR) à 22,2 MMDH et les tombées du Trésor restantes à fin 2020, réalisées exclusivement sur le marché intérieur, à hauteur de 8,7 MMDH. Tenant compte de la dernière sortie du Trésor à l'international, l'argentier de l'Etat devrait couvrir la totalité de son besoin de financement extérieur, relève la même source, ajoutant que ce dernier est estimé à 27,6 MMDH d'ici fin 2020, et ce, prenant en considération l'ensemble des tirages extérieurs prévus dans la LFR-2020 de 60 MMDH. Les analystes anticipent ainsi une atténuation du recours du Trésor au marché domestique. "En effet, le besoin de financement intérieur brut durant le mois de décembre s'élève à 3,3 MMDH", d'après AGR. Dans un contexte marqué par un creusement du déficit budgétaire à fin 2020, la hausse de la dette du Trésor devrait se poursuivre pour atteindre 831 MMDH au terme de cette année, estiment les analystes d'AGR. La dette intérieure devrait ainsi atteindre 628 MMDH en 2020, en hausse de 7,1% par rapport à son niveau observé en 2019, tandis que la dette extérieure du Trésor augmenterait de 25,4% à 203 MMDH. Tenant compte des deux sorties du Trésor à l'international en 2020, le financement extérieur devrait dépasser le niveau prévu par la LFR-2020, soit 43,6 MMDH. Ainsi, la part de la dette extérieure devrait dépasser 24% de la dette globale du Trésor en 2020, contre une moyenne de 21,4% durant la période 2017-2019. "En dépit de cette accélération du financement en devise, le poids de la dette extérieure dans l'endettement global du Trésor en 2020 demeure en ligne avec son Benchmark de référence. Celui-ci s'établit à 25%-75% entre endettement extérieur et intérieur", souligne AGR. De même, AGR fait remarquer que compte tenu d'un effet ciseaux négatif entre rallongement de la dette du Trésor en 2020 et rétraction du PIB en valeur durant la même période, l'endettement du Trésor devrait dépasser considérablement les niveaux recommandés par les critères de convergence, soit de 60% du PIB. En effet, le taux d'endettement du Trésor devrait dépasser selon nos estimations, le seuil des 78,0% en 2020 après s'être établi à 64,9% en 2019, indique la même source, rappelant que celui-ci aurait déjà atteint 76,1% en novembre 2020. Rapporté au PIB, l'endettement intérieur devrait croître de 8,2 pts à 59,1% en 2020, alors que le taux d'endettement extérieur évoluerait au-dessus du seuil des 19% en 2020.