Les marchés boursiers africains, notamment du Maroc, de la Tunisie et de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) ont eu des comportements disparates face au choc lié à la crise du nouveau coronavirus (covid-19), a relevé, mardi, le directeur général d'Attijari Global Research (AGR), Taha Jaidi. "Si l'on analyse techniquement les évolutions des trois Bourses, on constate qu'il y a une nette disparité entre elles", a souligné M. Jaidi lors d'un webinaire tenu sous le thème "Comportement et perspectives des marchés boursiers africains face à la crise sanitaire". Et de poursuivre: "Le marché marocain a dupliqué ce qui s'est passé à l'international. La Bourse de Casablanca a, en effet, connu une baisse de 27% en 24 séances seulement, ce qui est parfaitement en ligne avec ce qui s'est passé au niveau mondial". De son côté, la Bourse tunisienne (BVMT) n'a pas affiché la même volatilité et n'a pas réagi d'une manière forte par rapport au choc du covid-19, a fait remarquer M. Jaidi, précisant que cette bourse a accusé une baisse de 14% sur 23 séances. S'agissant de la Bourse régionale des valeurs mobilières BRVM (Ndlr: Bourse commune à l'ensemble des huit pays de l'UEMOA, à savoir, le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, la Guinée Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo), elle semble être "déconnectée par rapport à ces tendances", a indiqué le DG d'AGR. Ce marché semble entrer depuis plusieurs années dans une tendance baissière de fonds, a-t-il soutenu. En témoigne son niveau le plus bas atteint en octobre dernier, alors que les marchés internationaux, même marocain et tunisien, ont connu une nette reprise. Cette donne s'explique par la situation sur les marchés des taux, a précisé M. Jaidi qui a également soulevé le manque du dynamisme au niveau de la BRVM et de la BVMT. "Au niveau de l'UEMOA et de la Tunisie, les niveaux des taux restent tout de même élevés. En Tunisie, même si que la Banque Centrale a procédé à des abaissements du taux directeur, les rendements obligataires souverains restent à des niveaux hauts", a-t-il relevé, ajoutant que cela a limité l'investissement dans le marché actions. Et d'affirmer: "Tant que les taux obligataires sont à des niveaux nettement élevés par rapport aux rendements des dividendes des marchés actions, le seul scénario qui pourrait laisser présager une reprise solide et un dynamisme au niveau des marchés actions est la croissance bénéficiaire des sociétés cotées. Tant qu'on a pas une croissance bénéficiaire très importante à même de surpasser et d'être plus attractive que le marché des taux, on aura toujours des problématiques de liquidité sur ces marchés". Pour ce qui est du marché marocain, il se caractérise par une certaine particularité, au regard des niveaux bas des taux qui n'arrangent pas les institutionnels, les caisses de retraites et les différents investisseurs long-termistes, a fait valoir M. Jaidi, estimant que cette situation justifierait justement un rebond plus important au Maroc qu'au niveau de la Tunisie et de l'UEMOA au cours des prochains mois. Parallèlement, il a souligné que le facteur commun entre les trois marchés est la sur-représentation du secteur financier, précisant que ce secteur pèse 61% de la capitalisation boursière en Tunisie, près de 40% au Maroc et 46% pour l'UEMOA. Cette situation justifie la sous-performance des indices de ces marchés par rapport aux pays émergents, a relevé le DG d'AGR, faisant savoir que le taux de rattrapage est de 95% de la baisse covid-19 pour le marché tunisien, 88% pour le Maroc et 89% pour l'UEMOA, contre 109% pour les pays émergents (MSCI EM), ce qui pourrait laisser présager un potentiel de rattrapage beaucoup plus important de ces marchés en 2021. Et de conclure: "Si la situation sanitaire s'améliore en 2021, notamment avec la vaccination, et le secteur bancaire se rattrape en termes de résultats et indicateurs de risques, je pense que ces marchés pourraient représenter un potentiel intéressant de rattrapage".