Kossi Edoh Amenounve, Directeur général de la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) De passage au Maroc, le directeur général de la Bourse ouest-africaine s'est confié aux Inspirations ECO. Kossi Edoh Amenounve annonce ainsi que la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) prévoit de lancer le programme «Elite» destiné aux PME au plus tard début mars. Ce programme est développé en partenariat avec les Bourses de Casablanca et de Londres. Les Inspirations ECO : Vous avez noué des partenariats avec la Bourse de Casablanca. Comment se concrétisent-ils sur le terrain ? Kossi Edoh Amenounve : La BRVM a un partenariat très fort avec la Bourse de Casablanca. Nous échangeons souvent des informations et surtout de l'expertise à un rythme quasiment quotidien. Nos équipes se parlent de façon quasi permanente. Notre partenariat se concrétise davantage à travers l'accompagnement des PME dans le cadre du programme «Elite». Ce programme développé par la Bourse de Londres, qui est en cours de déploiement au Maroc, sera également déployé au niveau de la BRVM dans les prochains mois. Cela nous permettra d'accompagner les petites entreprises vers notre «compartiment PME». Je pense que c'est là un exemple concret de partenariat entre nos deux institutions. Quand est-ce que le programme «Elite» sera officiellement lancé à la BRVM ? Ce sera vers la fin février ou début mars ! Pensez-vous que les PME de la sous-région ouest-africaine sont suffisamment structurées pour se lancer en bourse ? Bien sûr que oui ! Quand on parle de PME, il faut regarder les choses suivant les échelles. Nous avons les petites PME, les moyennes et les grandes. Dans l'UEMOA, nous avons beaucoup de moyennes et grandes PME, mais il y en a en cours beaucoup plus de petite taille. À la BRVM, notre objectif est d'abord de commencer par les grandes PME, le reste viendra par la suite. Il est vrai que les petites PME ne sont pas encore structurées pour se lancer en bourse, mais cela n'empêche pas de les préparer sur le moyen terme afin de les y faire entrer. Cela dit, comment se porte la BRVM ? La BRVM se porte bien. La bonne santé de notre bourse se mesure par plusieurs indicateurs : Nous avons 45 sociétés cotées ; en avons accueillis 8 nouvelles en moins de 5 ans, dont 2 en 2017. Nos volumes de transactions sont en progression, notre PER (ratio cours sur bénéfices) a baissé pour rendre le marché plus attractif. De nouveaux investisseurs arrivent sur le marché et le nombre de compte-titres ouverts par les petits-porteurs auprès des SGI (sociétés de gestion et d'intermédiation) est en augmentation. Bref tous ces indicateurs sont au vert. Cependant, nos indices de marchés ont été en baisse en 2016 (-3,9%) et 2017 (-16,31%), soit un recul de plus de 20% en l'espace de deux ans. Toutefois, il faut se rappeler que nous avions gagné 88,2% sur les quatre dernières années avant 2016. Donc on assiste à un phénomène de correction et de prise de bénéfices par les investisseurs. Comment expliquez-vous cette situation ? C'est un phénomène que l'on observe souvent sur les marchés financiers après une longue période d'euphorie. Vous voyez d'ailleurs sur les marchés internationaux la tendance en Europe et aux Etats-Unis, les acteurs s'attendent déjà à une inversion de la tendance haussière actuelle. Ce sont donc des phénomènes normaux sur les marchés. Ce qui est paradoxal dans notre cas, c'est qu'en dehors de la prise de bénéfices, cela ne se justifie pas par une mauvaise santé financière et économique des pays membres de l'Union économique et monétaire ouest-africain (UEMOA). Ces pays se portent bien et les taux de croissance se maintiennent à des niveaux supérieurs à la moyenne continentale. L'environnement économique est favorable et il n'y avait pas de raison que nos indices baissent, mais c'est une situation que nous vivons malgré tout. Est-ce que la BRVM attend de nouvelles introductions en 2018 ? Nous avons une moyenne de 2 introductions par an depuis quatre ans. Je pense que nous allons garder la même tendance en 2018, sinon plus. Quel est le secteur le plus performant au niveau de la BRVM ? C'est le secteur financier. Sur nos marchés, les banques gagnent beaucoup d'argent et se développent. Cela dit, il n'est pas le seul à avoir du potentiel. C'est aussi le cas pour le secteur agricole, de la consommation, de la distribution, de la logistique et de l'immobilier. Globalement, comment jugez-vous l'environnement économique dans l'espace UEMOA ? L'environnement économique dans l'espace UEMOA est favorable. Tous les indicateurs sont devant nous : le taux de croissance va frôler les 7% cette année, l'inflation est très basse et les Etats font des efforts pour la réduction des déficits budgétaires, etc. Globalement, l'environnement est assez porteur. Nous ne sommes pas en crise économique, il n'y a pas de raison que les activités économiques ne se développent pas.