Si les avocats vertueux ont pour premier souci le triomphe de la justice et dernier souci leurs honoraires, d'aucuns ont fait de leur métier une marchandise, tel cet avocat connu pour ses plaidoiries burlesques et qui ne se refuse rien pour toucher ses honoraires, quitte à les percevoir en nature. Patron d'un parti mort-né, ancien bâtonnier, ancien ministre lèche bottes de feu Driss Basri, avocat interdit d'exercer pendant un an, tenancier d'un bar au quartier Agdal à Rabat, notre homme a remué toute la fange où son nom était enfoui, en offrant ses services contre « des charmes monnayés ». Samia Errazzouki, la journaliste moraliste, a édulcoré le portrait du bâtonnier, en usant de faussetés dans un article écrit dans la langue de Shakespeare, prétendant que l'intéressé est « un avocat de premier plan », connu pour « sa défense implacable des droits de l'homme », sauf qu'elle a passé sous silence ses frasques personnelles, son incompétence, et le fait d'avoir offert un véhicule à une cliente en contrepartie d'« une plaidoirie physique » ! Les détails avancés par la journaliste sur ce superman des droits de l'homme ne résisteront pas une minute devant la réalité. Il est vraiment regrettable pour Samia Errazzouki de s'être engagée à avancer des allégations et des mensonges sur une affaire dont elle ignore tout. Celui qu'elle ménage par des mots bien choisis est sans cesse assigné aux scandales d'escroquerie, aux plaintes, aux sorties mesquines. Un homme qui se jette à l'étourdie dans les affaires perdues par vanité, au point qu'un des prévenus jugés dans le cadre des événements d'El-Hoceima a demandé que Ziane soit déchargé de son affaire. Un avocat qui ne contrôle pas ses mouvements d'humeur et de colère. L'ancien bâtonnier n'était pas le personnage central de l'article de Samia Errazzouki. Au fait, il s'agissait d'aborder le cas d'une sombre policière qui avait émigré secrètement avant de demander l'asile politique en Espagne, sous l'intuition de Mohamed Ziane. Une femme déboutée par la justice après avoir prétendu être victime de harcèlement sexuel de la part de son chef hiérarchique, devient, sous la plume d'Errazzouki, une infatigable militante contre le harcèlement sexuel au Maroc qui n'a pas obtenu justice ! Si le professionnalisme et l'éthique journalistique obligent Samia Errazzouki à diffuser les témoignages des deux parties, celui de la policière et celui de son supérieur hiérarchique dont l'identité a été dévoilée, afin d'être fidèle à l'objectivité et l'impartialité requises, elle a choisi d'induire en erreur l'opinion publique nationale et internationale. La policière en question n'était ni une militante ni une victime, mais a plutôt fait l'objet de nombreuses sanctions disciplinaires en raison de son incurie de traiter les dossiers qui lui sont confiés dans les délais et avec le professionnalisme requis, et elle est la seule policière qui a osé, en violation flagrante de ses obligations professionnelles, à confier ses documents administratifs à des étrangers ! Par ailleurs, la policière, que Samia Errazzouki dépeint comme une «activiste féministe», n'a pas quitté le Maroc en raison du stress professionnel ou à cause du harcèlement de son supérieur, mais a plutôt migré illégalement par des routes frontalières non gardées via la ville de Melilla, bénéficiant des circuits de la mafia de la contrebande et de la traite des êtres humains, après avoir été convoquée pour être entendue sur les falsification de certificats médicaux ayant servi à couvrir ses absences injustifiées. C'est un fait qui a été délibérément ignoré dans l'article de Samia Errazzouki, tout comme ont été « omises » les décisions de justices défavorables à Wahiba Kharchech tout au long de ces derniers mois. «La justice a donné raison à mon client contre toutes les plaintes et allégations malveillantes et indignes présentées par l'autre partie afin de l'accabler. Cet état de fait s'est confirmé durant toutes les étapes du litige et à toutes les phases de la procédure », tranche Me Mohamed al-Housseini Karrout, l'avocat d'Aziz Boumehdi, le chef hiérarchique que la policière Wahiba Kharchech a tenté vainement de souiller. Cherchant à s'assurer une place dans le monde de l'écriture, particulièrement parmi ceux qui guettent le Maroc, Samia Errazzouki a raté pour de bon son coup pour plusieurs raisons. D'abord, elle a foulé au pied les principes déontologiques de la profession en ne présentant que la version -sans vérification- d'une seule partie. Ensuite, parce qu'elle a tressé des lauriers à un avocat impliqué dans de nombreuses affaires louches et au crépuscule de sa carrière. Enfin, parce qu'elle a cru naïvement décrocher le prix Pulitzer en surdimensionnant une banale dispute entre une fonctionnaire et son chef hiérarchique.