Les deux hommes se sont entretenus une quarantaine de minutes, mercredi, à l'hôtel du Golf à Abidjan. Une entrevue qui a permis, selon eux, de «briser la glace». Le président Alassane DramaneOuattara, réélu à la tête de la Côte d'Ivoire pour un troisième mandat controversé, et son principal opposant l'ex-président Henri Konan Bédié ont «brisé la glace» lors de leur rencontre mercredi 11 novembre dans la capitale Abidjan, destinée à apaiser les violences électorales meurtrières dans le pays. Ils ont promis d'autres entrevues à venir, lors d'un bref point de presse commun dans le hall de l'établissement. «Nous allons dans les jours et semaines à venir continuer à nous téléphoner et à nous rencontrer pour qu'enfin le pays soit ce qu'il était avant», a promis M. Bédié. «La paix est la chose la plus chère à tous les deux et à tous les Ivoiriens et nous avons décidé d'œuvrer pour qu'il en soit ainsi», a assuré le président Ouattara. La Côte d'Ivoire est secouée depuis trois mois par des violences électorales qui ont fait 85 morts et près de 500 blessés. Il s'agissait de la première rencontre entre les deux hommes depuis l'élection présidentielle du 31 octobre, boycottée par l'opposition, qui n'en reconnaît pas les résultats − et depuis août 2018, après la rupture politique entre ces deux alliés. Crainte d'une escalade des violences C'est dans le même hôtel du Golf que M. Ouattara, qui venait d'être élu président pour la première fois, s'était installé avec son gouvernement et ses alliés de l'époque, dont Henri Konan Bédié, lors de la crise de 2010-2011 qui l'opposait à Laurent Gbagbo, ce dernier refusant de reconnaître sa défaite. La crainte d'une escalade des violences reste présente en Côte d'Ivoire, dix ans après cette crise qui avait fait 3 000 morts, ainsi que 300 000 réfugiés et un million de déplacés internes, selon l'Organisation des Nations unies (ONU). L'opposition conteste la réélection de M. Ouattara pour un troisième mandat, qu'elle juge inconstitutionnel. Elle avait lancé une campagne de «désobéissance civile», puis proclamé dans la foulée du scrutin un «Conseil national de transition» censé le remplacer. Plusieurs de ses chefs de file, dont son porte-parole, l'ancien premier ministre Pascal Affi N'Guessan, ont été arrêtés. D'autres sont bloqués à leur domicile par les forces de l'ordre. Plus de 8 000 personnes ont fui vers les pays voisins, principalement le Liberia, a rapporté mardi l'Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Alternativement rivaux, puis alliés, puis à nouveau rivaux, M. Ouattara, 78 ans, et M. Bédié, 86 ans, dominent la vie politique ivoirienne depuis près de trente ans. Tous deux se réclament de l'héritage du président Félix Houphouët-Boigny, le «père de l'indépendance».