Elu en 2010, réélu en 2015, Alassane Ouattara avait annoncé en mars qu'il renonçait à une nouvelle candidature, avant de changer d'avis en août. Le Conseil constitutionnel a validé lundi 9 novembre la réélection du président sortant, Alassane Ouattara, 78 ans, pour un troisième mandat controversé à la tête de la Côte d'Ivoire. C'est ce qu'a déclaré le président de ce même Conseil, Mamadou Koné, depuis le siège de l'institution, à Abidjan. «M. Alassane Ouattara est proclamé élu au premier tour» avec 94,27 % des voix, a déclaré le président du Conseil constitutionnel, qui a de surcroît indiqué n'avoir relevé «aucune irrégularité grave» sur les bureaux qui ont été pris en compte. L'opposition avait boycotté le scrutin du 31 octobre et empêché la tenue du vote dans près de 5 000 bureaux, lesquels n'ont pas été inclus dans le corps électoral. M. Koné a également souligné qu'«aucune réclamation» n'avait été déposée. Sans surprise, le Conseil constitutionnel n'a changé aucun des résultats annoncés le 3 novembre par la commission électorale. Le taux de participation est de 53,90 %. M. Ouattara a recueilli 3 031 483 voix sur un total de 3 215 909 suffrages exprimés lors de ce scrutin marqué par des violences. On dénombre 17 601 bureaux qui ont pu ouvrir sur les quelque 22.381 que compte le pays ; le nombre d'inscrits pouvant voter est donc passé de 7 495 082 à 6 066 441. Des militants de l'opposition ont saccagé ou empêché l'ouverture de bureaux. Selon les scores validés par le Conseil constitutionnel, le candidat indépendant Kouadio Konan Bertin arrive en deuxième position avec 1,99 % des voix (64 011 votes). Les deux autres candidats avaient appelé au boycott, mais ont tout de même reçu des suffrages. L'ancien président Henri Konan Bédié termine troisième avec 1,66 % (53 330 voix) et l'ancien premier ministre Pascal Affi N'Guessan quatrième avec 0,99 % (31 986 voix). Troubles et violences intercommunautaires L'opposition a annoncé la création d'un Conseil national de transition (CNT) à l'issue du scrutin – scrutin dont elle ne reconnaît pas les résultats. Plusieurs leaders du camp adverse, dont son porte-parole, Pascal Affi N'Guessan, ont été arrêtés, alors que d'autres comme Henri Konan Bédié sont bloqués à leur domicile par les forces de l'ordre. Elu en 2010, réélu en 2015, Alassane Ouattara avait annoncé en mars qu'il renonçait à une nouvelle candidature, avant de changer d'avis en août, à la suite du décès de son dauphin désigné, le premier ministre Amadou Gon Coulibaly. La loi fondamentale ivoirienne prévoit un maximum de deux mandats, mais le Conseil constitutionnel a estimé qu'avec la nouvelle Constitution adoptée en 2016, le compteur des mandats présidentiels avait été remis à zéro – ce que l'opposition conteste. Au moins 14 personnes sont mortes au cours de violences lors du scrutin ou bien dans son sillage. Avant l'élection, une trentaine de personnes avaient elles aussi trouvé la mort au cours de troubles et de heurts intercommunautaires – depuis le mois d'août et l'annonce de la candidature de M. Ouattara. La crainte d'une escalade des violences est forte dans ce pays d'Afrique de l'Ouest, dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011, qui avait fait 3 000 morts.