Les pays européens se reconfinent petit à petit pour lutter contre la deuxième vague de l'épidémie de coronavirus, suscitant l'incompréhension voire la colère d'une partie de leurs populations. Redevenus l'épicentre de la pandémie de coronavirus, les pays européens multiplient les restrictions ou restaurent le confinement, suscitant la montée de l'impatience de leurs populations ou une révolte ouverte, comme en Espagne où les manifestations sont de plus en plus nombreuses. Sur l'ensemble de l'Europe, le nombre de cas supplémentaires enregistrés a bondi de 41% en une semaine, représentant la moitié des cas signalés ces sept derniers jours dans le monde. Une flambée des cas qui risque de submerger les hôpitaux et a poussé les gouvernement à restreindre à nouveau la liberté de mouvement de leurs citoyens et à fermer des pans entiers de l'économie, notamment dans la culture et le commerce. Face à ces restrictions et à la crainte de casse sociale accrue, des défilés ont eu lieu samedi 31 octobre, pour la deuxième nuit consécutive, dans plusieurs villes espagnoles, suivis d'affrontements avec la police et d'actes de vandalisme et de pillage. Les troubles les plus importants se sont produits à Madrid, où de nombreux manifestants scandant « Liberté! » ont mis le feu à des bennes à ordures et érigé des barricades de fortune sur la Gran Via, la principale artère du centre de la capitale, selon des images sur les réseaux sociaux. L'opposition aux mesures de restrictions a aussi donné lieu à des heurts samedi soir dans la capitale italienne entre la police et des centaines de manifestants, après des incidents similaires la veille à Florence et dans d'autres grandes villes ces derniers jours. Colère des commerçants En France, où un reconfinement d'un mois a été mis en place vendredi jusqu'au 1er décembre, la colère des petits commerçants jugés non essentiels et donc contraints de fermer, est de plus en plus vive : ils dénoncent la concurrence déloyale des grandes surfaces autorisées à rester ouvertes et des plateformes en ligne, dont Amazon. Au Royaume-Uni, pays le plus endeuillé d'Europe avec au moins 46 555 morts, le Premier ministre Boris Johnson a annoncé un reconfinement de l'Angleterre à partir de jeudi et jusqu'au 2 décembre. En Autriche, « un second confinement est mis en place à compter de mardi et ce jusqu'à fin novembre », a annoncé le chancelier Sebastian Kurz. Le pays de 8,8 millions d'habitants enregistre désormais plus de 5.000 cas quotidiens, contre seulement 1 000 début octobre, pour 1 109 décès depuis l'émergence de la pandémie. En Belgique, pays au monde où le coronavirus circule le plus, le ministre fédéral de la Santé, Frank Vandenbroucke, a appelé la population à ne pas faire de shopping dimanche 1er novembre, à la veille d'un durcissement du confinement pour six semaines. De longues files d'attente ont été observées samedi dans certains magasins ou rues commerçantes. En Allemagne, qui a également durci les restrictions pour ralentir la pandémie, le monde de la culture, qui doit fermer ses portes pour plusieurs semaines, se sent particulièrement mal loti. « Sauver Noël » La Grèce a décidé un confinement partiel d'un mois à Athènes et dans les autres grandes ville du pays à partir de mardi. Comme ailleurs, l'objectif est d'« essayer de sauver les fêtes de Noël », a expliqué le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis. En Italie, le gouvernement a imposé ces derniers jours ce que les médias qualifient de « semi-confinement »: un couvre-feu dans plusieurs grandes régions, la fermeture des bars et des restaurants à 18 h, ainsi que celle des salles de sport, de cinéma et de concert. Selon la presse italienne, le gouvernement envisage d'annoncer lundi un confinement des grandes villes du pays, à commencer par Milan et Naples. « La courbe épidémiologique est encore très élevée », a déclaré le ministre de la Santé, Roberto Speranza, adepte d'un confinement généralisé. « Soit on la plie, soit on est dans le pétrin ». Les pays européens constituent la troisième région la plus touchée avec 10,46 millions de cas, derrière l'Amérique latine et les Caraïbes (11,3 millions de cas) et l'Asie (10,57). Sur l'ensemble de la planète, ce sont plus de 46 millions d'êtres humains qui ont été atteints, dont près de 1,2 million ont perdu la vie.