Dans son discours du 29 juillet dernier, le Monarque a présenté une feuille de route traçant les contours de la relance économique. Ainsi, 120 milliards de dirhams (MMDH), soit 11% du PIB, seront injectés dans l'économie nationale. Et ce, afin d'assurer le redémarrage progressif de l'activité des différents secteurs de l'économie, notamment ceux les plus touchés par la crise. A ce titre, Najib Akesbi, économiste et professeur universitaire, rappelle que la Loi de finances rectificative est une immense déception étant donné que l'Etat n'a montré aucun signe allant dans le sens d'une sortie de crise via la réforme fiscale, d'où l'importance d'un plan de relance économique qui pourrait faire repartir la machine économique de nouveau. Il déplore également l'absence de plans stratégiques sectoriels clairs de relance. La pandémie coûtera cher à l'économie nationale. Au troisième trimestre 2020, le repli de l'activité s'atténuerait progressivement, pour se situer à -4,1%, au lieu de -13,8% au deuxième trimestre. Sur l'ensemble de l'année 2020, le PIB connaîtrait une contraction de 5,8%, accompagnée par un creusement du déficit budgétaire à 7,4% du PIB. Le plan de relance vise ainsi à rétablir la confiance des opérateurs économiques, améliorer les conditions de leur compétitivité et établir un bon climat des affaires. Soulignons qu'afin de stimuler la relance, une enveloppe de 120 MMDH sera injectée dans l'économie nationale. 75 MMDH sur les 120 MMDH sera dédiée à la facilitation d'accès de toutes les catégories d'entreprise au crédit, à des conditions préférentielles avec une garantie de l'Etat (la CCG, à noter que 5 MMDH seront apportés par le fonds Covid-19 pour couvrir les risques de défaut des entreprises bénéficiaires). Le montant de 45 MMDH sera reversé sous forme de fonds thématiques relatifs à certains secteurs comme augmentation de capital. 15 milliards iront ainsi au fonds d'investissement stratégique. Le reste (30 MMDH) sera par la suite injecté dans le cadre de partenariats avec des institutions financières et avec le secteur privé. L'Etat a ainsi pris une série d'engagements au contraire du GPBM qui a annoncé juste son intention de distribuer de manière fluide les outils d'intervention de l'Etat et de contribuer activement à la relance du programme INTELAKA. Il se trouve que ce sont que « des généralités », selon M. Akesbi qui note que les taux d'intérêts des crédits proposés sont très élevés. Et ce, même si les banques ne sont pas tenues de comptabiliser les primes de risque étant donné que l'Etat garantit les prêts à travers les mécanismes proposés par la CCG. Par ailleurs, l'épidémie de coronavirus constitue un cas d'école de choc exogène, comme le souligne l'économiste. Il faut ainsi repenser tous les scénarios de la croissance des prochains mois à la lumière des répercussions sur l'offre et la demande. En effet, la consommation des ménages est fortement impactée par la crise étant donné que les consommateurs constatent un manque à gagner et reportent leurs achats importants, en se contentant de leurs besoins essentiels. Suite à ceci, l'investissement des entreprises diminuera du fait de la baisse de la demande, mais surtout de la montée des incertitudes, précise-t-il. Les entreprises repousseront probablement leurs investissements jusqu'à ce qu'elles soient suffisamment certaines que l'épidémie ne s'étendra pas davantage. L'économiste rappelle que les Banques centrales ont décidé de mettre de côté leur discours orthodoxe sur les politiques non conventionnelles et ont commencé à injecter de l'argent massivement dans l'économie pour sauver les entreprises. Il faut ainsi faire sauter le verrou de l'idéologie ultralibérale de l'indépendance de la Banque centrale. Il se demande ainsi si Bank Al-Maghrib compte prêter directement à l'Etat et aux entreprises en ces temps de crise. Il note également que la réhabilitation des services de l'Etat passera inéluctablement par le déficit budgétaire. Un déficit qu'il faut programmer et non subir. Les nouvelles dépenses doivent ainsi être orientées vers de nouvelles affectations. Dans ce cadre, le financement de l'effort budgétaire doit également passer par une réforme fiscale et par une conversion de la dette. Afin de réussir ce projet de relance économique, N. Akesbi précise qu'il faut nationaliser la Samir. Cette nationalisation permettra au Maroc de remettre l'outil industriel en marche, de créer des emplois et de retrouver une maîtrise du marché.