La consommation des ménages, principale composante de la croissance, a reculé de 11%. Depuis qu'il mesure l'activité économique française de façon trimestrielle, jamais l'Institut national des statistiques n'avait enregistré pareil effondrement. La France a enregistré un plongeon historique de 13,8% de son produit intérieur brut au deuxième trimestre (PIB) à cause de l'épidémie de coronavirus, selon les chiffres de l'Institut. Autre mauvaise nouvelle: l'Insee a également révisé sa mesure de l'activité au premier trimestre. Elle a ainsi chuté de 5,9%, et non de 5,3%, comme rapporté précédemment. Pour autant, le choc est moins violent qu'attendu. L'Insee anticipait une chute de l'activité au deuxième trimestre de l'ordre de 17% au mois de juin. Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire y voit une note d'espoir et la preuve que les mesures prises par le gouvernement pour soutenir l'économie ont été efficaces. «C'est un chiffre sévère, mais c'est un chiffre moins sévère que prévu, a-t-il commenté sur Cnews ce vendredi matin. C'est la preuve qu'il faut continuer à avoir des réponses radicales, puissantes pour nous redresser le plus vite possible.» Dans le détail, l'activité a été plombée par la consommation des ménages, principale composante de la croissance, qui a reculé de 11%. Les investissements ont quant à eux chuté de 17,8%, et les exportations de 25,5%. «L'évolution négative du PIB au premier semestre 2020 est liée à l'arrêt des activités ‘non essentielles' dans le contexte du confinement mis en place entre mi-mars et début mai», explique l'institut dans un communiqué. «La levée progressive des restrictions conduit à une reprise graduelle de l'activité économique aux mois de mai puis de juin, après le point bas atteint en avril», poursuit l'Insee. Ce vendredi matin, la ministre déléguée à l'Industrie Agnès Pannier-Runacher ne s'est pas appesantie sur ces chiffres pessimistes. «Je me positionne vers l'avenir. Une crise, cela ne dure pas toute la vie», a-t-elle fait valoir. Le gouvernement devra examiner, le 25 août lors du conseil des ministres, le plan de relance qui doit redonner du souffle à l'économie. Le gouvernement espère en outre toujours que les Français utiliseront leur épargne, constituée pendant le confinement pour stimuler l'économie. Le «bas de laine» des Français s'élèverait ainsi à 75 milliards d'euros au mois de juillet, porté par les incertitudes qui entourent l'épidémie. Selon les chiffres de la Banque de France, le taux de chômage pourrait ainsi bondir en cette fin d'année et passer de 8,1% à 11,8% au premier semestre de l'année 2021. La reprise dépendra de l'évolution de l'épidémie en France, mais aussi dans les pays qui constituent des partenaires commerciaux importants – notamment le Brésil et les États-Unis, tous deux mis en difficulté par la crise sanitaire. Mais un rebond de l'économie est anticipé au troisième trimestre, tant par l'Insee (qui envisage une hausse de 19% du PIB) que par la Banque de France (14%). Il faudra pour cela que l'activité économique continue de se normaliser à la rentrée, comme cela a été le cas en juillet. Rattraper le retard économique pris au deuxième trimestre demandera des efforts inédits, à la hauteur de cette crise. La plus forte baisse trimestrielle du PIB avant la crise du coronavirus avait été enregistrée au deuxième trimestre 1968, affecté par la grève générale en mai, mais qui avait été suivi par un rebond de +8% à l'été. La remontée devrait cette fois être d'autant plus vigoureuse que la dégringolade fut abyssale: l'Insee a prévu +19% pour le troisième trimestre, Natixis +16% et la Banque de France +14%.