Les négociations entre la Grande-Bretagne et l'Union européenne ont à nouveau achoppé jeudi concernant leurs futures relations. Bruxelles juge « improbable » un tel accord à ce stade, tandis que Londres espère y parvenir en septembre. Nouveau constat d'échec autour du Brexit. À l'issue d'une session de négociations sur les relations post-Brexit, les négociateurs britanniques et de l'Union européennes se sont quittés jeudi 23 juillet sur les mêmes désaccords. Les discussions doivent se poursuivre la semaine prochaine, avant une nouvelle session de négociations à partir du 17 août. Après trois jours de discussions à Londres, le négociateur européen Michel Barnier a jugé jeudi « peu probable » en l'état de trouver un accord, lors d'une conférence de presse. « Peu de progrès » ont été effectués sur les conditions de concurrence équitable et sur la pêche. Avant d'autoriser à Londres un accès au marché européen sans droits de douane ni quotas, les 27 veulent absolument éviter l'émergence d'un concurrent déloyal à leurs portes. De son côté, le Royaume-Uni veut reprendre le contrôle de ses eaux poissonneuses et en limiter l'accès aux pêcheurs de l'Union. « Tout simplement inacceptable » « Par son refus actuel de s'engager sur les conditions d'une concurrence équitable et d'un accord équilibré sur la pêche, le Royaume-Uni rend un accord commercial à ce stade peu probable », a déclaré Michel Barnier. « Le Royaume-Uni cherche une exclusion quasi-totale [des bateaux de pêche européens des eaux britanniques] », a-t-il relevé, « c'est tout simplement inacceptable ». Depuis que le Royaume-Uni a quitté l'UE le 31 janvier, après quarante-sept années d'un mariage houleux [avec une adhésion en 1973, votée en 1975 par les électeurs britanniques], les deux parties ont commencé d'intenses discussions pour définir le cadre de leurs nouvelles relations et nouer un accord de libre-échange à l'issue de la période de transition, qui se terminera le 31 décembre. David Frost, le conseilleur pour l'Europe du Premier ministre britannique, a de son côté déploré qu'aucun accord ne puisse être trouvé avant la fin du mois de juillet comme l'avait espéré Boris Johnson, ardent promoteur du Brexit. Le chef du gouvernement conservateur avait estimé inutile de poursuivre les discussions jusqu'à l'automne. « Malheureusement, il est clair que nous ne conclurons pas en juillet ‘l'accord préliminaire sur les principes sous-tendant un accord' que nous avions posé comme objectif [dans les discussions] », a regretté David Frost dans un communiqué. « Des divergences considérables subsistent dans les domaines les plus difficiles, soit des conditions de concurrence égales et [sur] la pêche », a confirmé le négociateur britannique. Néanmoins, « malgré les difficultés, les progrès sont véritables », a fait valoir un haut responsable britannique. « Quand le processus cesse d'avoir une utilité et qu'il n'y a aucun moyen de parvenir à un accord, ça ne sert plus à rien de discuter. Nous n'en sommes pas là », a déclaré cette source proche des négociations. « Il n'a jamais été question de la part de David Frost ou de la mienne d'abandonner les négociations. Loin de là », a renchéri Michel Barnier. « Malgré toutes les difficultés, sur la base du travail que nous avons accompli en juillet, j'estime qu'un accord peut toujours être trouvé en septembre », a affirmé David Frost. Faute d'accord avant le 31 décembre, Britanniques et Européens se quitteraient en appliquant dans leurs échanges commerciaux les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et leurs droits de douane élevés dès le 1er janvier. La semaine dernière, Londres avait dévoilé le détail de ses premières propositions concernant la gestion de ses frontières après le Brexit, insistant sur le fait qu'elles seraient mises en application indépendamment de la conclusion d'un accord avec Bruxelles. Le projet prévoit une application graduelle de la loi aux frontières au cours des six premiers mois de 2021.