Les États-Unis vont « continuer à réduire » leur présence militaire en Irak, destinée à lutter contre l'organisation État islamique, « au cours des prochains mois », ont annoncé jeudi les gouvernements américain et irakien dans une déclaration conjointe à l'issue de leur « dialogue stratégique ». Les États-Unis ont annoncé, jeudi 11 juin, qu'ils allaient « réduire » leur présence militaire en Irak, après avoir repris langue avec le gouvernement irakien désormais dirigé par un Premier ministre plus favorable à Washington, au terme de mois de tensions. Évoquant les « progrès significatifs » contre le groupe jihadiste État islamique, raison de la présence américaine à la tête d'une coalition internationale, les deux pays ont affirmé dans une déclaration conjointe que « les États-Unis continueraient à réduire leurs forces en Irak ». Ce retrait aura lieu « au cours des prochains mois », ont ajouté les gouvernements américain et irakien, sans en préciser l'ampleur ni le calendrier précis. Washington va aussi « discuter avec le gouvernement irakien du statut des forces restantes », sans rechercher « une présence militaire permanente ». Une position en ligne avec la volonté de désengagement du président Donald Trump, qui a promis de « mettre fin aux guerres sans fin ». Cette déclaration a été faite à l'issue d'un « dialogue stratégique » par visioconférence — en raison du Covid-19 —, visant à ramener un peu de stabilité dans les relations houleuses entre les deux alliés. Il s'agit d'une mise à jour du « dialogue » de 2008, quand les États-Unis avaient établi les conditions de leur départ après avoir envahi l'Irak. Depuis, leurs troupes sont revenues, bien moins nombreuses, pour lutter contre l'organisation État islamique. Plus de deux ans et demi après la « victoire » sur les jihadistes côté irakien, les milliers de soldats américains dans le pays — ils étaient 5 200 en début d'année — étaient à nouveau au cœur des tensions. Le sentiment anti-américain a en effet flambé avec la mort en janvier du général iranien Qassem Soleimani et de son lieutenant irakien, tués à Bagdad dans un raid ordonné par le président Trump — après la multiplication de tirs de roquettes contre des intérêts américains, imputés par Washington aux forces pro-Iran. Dans la foulée, les députés chiites avaient voté l'expulsion des soldats étrangers. À Bagdad, un nouveau Premier ministre est toutefois arrivé. L'ex-chef du renseignement Moustafa al-Kazimi, qui passe pour proche des Américains et de ses alliés arabes, a changé la donne. L'homme a pris les rênes d'un pays en pleine crise économique et qui réclame toujours justice pour quelque 550 manifestants tués dans la répression d'une révolte inédite. D'autres parties n'étaient pas invitées mais suivaient de près le dialogue : les alliés de l'Iran en Irak. Ahmed al-Assadi, porte-parole de leur bloc parlementaire — meneur du vote d'expulsion — a récemment redit donner six mois aux Américains pour partir. Washington a promis de favoriser une aide économique à Bagdad. « Nous soutiendrons le nouveau gouvernement à travers les institutions financières internationales pour l'aider à faire face aux défis du Covid-19 et à la chute des revenus pétroliers », a expliqué le secrétaire d'État américain adjoint pour le Moyen-Orient David Schenker à des journalistes. « Les relations américano-irakiennes ne seront pas redéfinies en un jour », estime Robert Ford. Mais « pour une fois », il y avait « les bonnes personnes, au bon endroit et au bon moment », poursuit cet ex-diplomate américain.