Coronavirus ou non, des milliers d'Africains continuent de tenter la périlleuse traversée du désert via le nord du Niger et la Libye dans le but d'atteindre les côtes méditerranéennes puis l'Europe. Le Niger a décrété l'état d'urgence, fermé les frontières et isolé la capitale du reste du pays. La Libye qui était devenue un enfer pour les migrants depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, n'est pas non plus épargnée par le virus. Malgré cela, ceux qui souhaitent gagner l'Europe affrontent tous les risques, dans le contexte du coronavirus. En moins de deux mois, plus de 300 migrants ont été interceptés par l'armée nigérienne à la frontière libyenne. Cette semaine, 33 clandestins ont encore été pris dans le même secteur, selon les autorités du pays. Au Niger, les migrants secourus ou interceptés dans le désert sont placés en quarantaine durant 14 jours sur des sites temporaires dans le Nord où l'Office International pour les Migrations (OIM) a accueilli quelque 1.600 migrants « bloqués dans le désert » depuis la fermeture des frontières fin mars. Un total de 764 migrants dont 391 du Niger, 140 du Mali et 101 de Guinée, avaient été mis en quarantaine à Assamaka, à la frontière avec l'Algérie. Parmi eux, des enfants, des femmes enceintes et des personnes blessées, détaille l'OIM. Cette semaine, l'agence onusienne a lancé « un appel urgent » aux bailleurs de fonds pour « une aide supplémentaire » de 10 millions de dollars pour faire face aux besoins des migrants. Elle dit avoir loué des installations « supplémentaires » et « renforcé les mesures de prévention dans ses six centres de transit « qui sont actuellement au maximum de leur capacité ». Dans le but de décourager les passeurs, Niamey avait voté en 2015 une loi érigeant en crime le trafic de migrants, passible de peines pouvant aller jusqu'à 30 ans de prison. Début 2019, le président du Niger Mahamadou Issoufou avait salué le « plan » anti-migrants, soutenu par l'Union européenne (UE), qui a fait chuter le flux de migrants passant par le Niger de 100.000 à 150.000 par an, avant 2016, à 5.000 à 10.000 migrants par an aujourd'hui.