Le gouvernement espagnol envisage d'alléger graduellement à partir de la mi-mai le confinement strict imposé depuis le 14 mars dans tout le pays, où un léger rebond du nombre de morts quotidiens de coronavirus a été enregistré mercredi. Les députés devaient voter dans la soirée la prolongation de l'état d'alerte et du confinement jusqu'au 9 mai inclus. Devant une Chambre des députés clairsemée, le chef du gouvernement, le socialiste Pedro Sanchez, a assuré: « Le confinement ne sera levé que lorsque nous y serons préparés car nous n'allons courir aucun risque ». « La désescalade (dans les mesures de confinement) va être lente et progressive précisément car elle doit être sûre », a-t-il insisté. Il l'a envisagée pour la « deuxième moitié du mois de mai ». Troisième pays le plus endeuillé du monde derrière les États-Unis et l'Italie, l'Espagne a recensé mercredi 435 morts du nouveau coronavirus en 24 heures, un bilan qui a augmenté légèrement pour le deuxième jour consécutif et qui porte le total de décès à 21.717, selon le ministère de la Santé. 430 morts avaient été notifiées mardi et 399 lundi, ce qui constituait le bilan quotidien le plus bas depuis quatre semaines. Le pays compte au total plus de 208.000 cas confirmés. Les autorités sanitaires assurent cependant que le pic de l'épidémie a été atteint au début du mois, quand le coronavirus avait tué jusqu'à 950 personnes le 2 avril. Signe de l'amélioration, les hôpitaux ne sont plus saturés et la région de Madrid a fermé mercredi la morgue installée dans la patinoire d'un centre commercial madrilène, où avaient été entreposés plus d'un millier de cadavres. De plus, certaines entreprises envisagent de reprendre leur activité, tel le constructeur automobile Seat, qui a annoncé qu'il ferait des tests à 15.000 employés pour pouvoir reprendre le 27 avril sa production, arrêtée depuis la mi-mars. Le ministère de la Santé a confirmé qu'une étude de séroprévalence serait lancée très prochainement: des tests seront pratiqués sur quelque 60.000 personnes à travers le pays afin d' »obtenir une estimation du pourcentage de la population espagnole ayant développé des anticorps face au nouveau coronavirus », ce qui sera crucial pour prendre des décisions les semaines suivantes. M. Sanchez a confirmé que le gouvernement allait permettre aux enfants de sortir prendre l'air à partir de dimanche, pour la première fois depuis la mi-mars. Dans un premier temps, mardi, le gouvernement ne les avait autorisés à sortir qu'avec un de leurs parents et seulement pour aller au supermarché, à la pharmacie ou à la banque. Face à l'avalanche de critiques de tous bords, il avait finalement autorisé mardi soir de courtes promenades pour les enfants, comme dans d'autres pays européens. Lors d'une séance très tendue à la Chambre des députés, le dirigeant du Parti populaire (PP, droite), Pablo Casado, a lancé une salve de reproches au gouvernement de M. Sanchez, qu'il a accusé d' »incompétence » et d' »improvisation », en lançant: « Arrêtez de vous moquer de nous, il y a 22.000 morts qui ne peuvent plus admettre de plaisanteries ».