Les autorités turques ont bloqué dimanche les sites d'information de l'Arabie Saoudite et des Émirats arabes unis (EAU), rapporte la version électronique d'Al Jazeera qui des agences mondiales de presse. Cette décision survient quelques jours après celle ayant frappé des sites d'information turcs et l'agence nationale de presse turque en Arabie saoudite. Un imbroglio diplomatique se trame entre la Turquie et l'Arabie Saoudite, éclaboussant au passage l'Etat satellite des saoudiens, les Emirats arabes unis, qui relayent leurs informations, mordicus. Il y a quatre semaines, des procureurs turcs ont inculpé 20 Saoudiens pour le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi dans les locaux du consulat saoudien à Istanbul en Octobre 2018. Cet assassinat a fortement entaché les relations entre Ankara et Riyad, qui ne cessent de se détériorer depuis lors. Dimanche 19 avril, les sites de l'agence de presse saoudienne SPA, de l'agence de presse WAM des EAU, ainsi qu'une douzaine d'autres sites saoudiens et émiratis ont été suspendus en Turquie. Les internautes tentant d'y accéder y ont trouvé un message annonçant qu'ils étaient bloqués en vertu d'une loi régissant les publications Internet en Turquie. Le site turc du journal britannique The Independant, exploité par une société saoudienne, en a également fait les frais ce dimanche-là. Selon son éditeur, cette décision ne fait que refléter la crise politique entre Riyad et Ankara. «Les tensions entre l'Arabie saoudite et la Turquie se sont répercutées sur nous», a déclaré à Reuters le rédacteur en chef Nevzat Cicek. La décision de dimanche semble traduire «des représailles contre l'Arabie saoudite», a-t-il laissé entendre. Une semaine auparavant, l'Arabie saoudite avait interdit de diffusion l'agence de presse d'État turque Anadolu, ainsi que le site Web de la chaîne de télévision publique turque TRT. Selon Anadolu, le journal saoudien al-Marsad a déclaré le 11 avril dernier qu'il « savait, de sources propres, que de nombreux médias turcs avaient été bloqués ». Pour le moment, le ministère turc de la Justice refuse de commenter la décision de son pays. Même son de cloche de la part des autorités saoudiennes qui n'ont pas donné suite aux questions de Reuters. Pour mémoire, la décision de Riyad de bloquer les médias turcs est intervenue après que le parquet d'Istanbul ait ficelé les actes d'accusation contre 20 suspects pour le meurtre de l'opposant saoudien Jamal Khashoggi, dont l'ancien chef adjoint des renseignements généraux de l'Arabie saoudite, Ahmed Assiri, et un ancien conseiller royal, Saud al-Qahtani, alors proches de Mohammed Ben Salman (MBS), le prince héritier et homme fort de l'Arabie Saoudite. Rappelons que le meurtre de Khashoggi au consulat saoudien à Istanbul à eu un retentissement mondial, ternissant l'image du prince héritier saoudien. A l'époque, la CIA et plusieurs gouvernements occidentaux avaient affirmé que tout les poussait à penser que MBS avait commandité le meurtre de Khashoggi. Une accusation que les autorités saoudiennes ont toujours nié en bloc.