Les principaux pays producteurs de pétrole, Opep et Russie en tête, étaient engagés jeudi dans des discussions cruciales pour tenter de s'accorder sur des baisses massives de production afin de soutenir les prix qui se sont effondrés avec la pandémie de Covid-19. Le pétrole était au centre d'une réunion cruciale, qui s'est tenue par vidéoconférence le 9 avril. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole a dressé un état des lieux alarmant du marché de l'or noir, qualifiant d' »horrible » l'état de l'offre et la demande. Le ministre de l'Energie algérien Mohamed Arkab a parlé d'une « chute libre insoutenable » du marché, selon l'agence nationale APS. La conférence doit ouvrir la voie à un « accord équitable qui rétablira l'équilibre des marchés pétroliers », selon les autorités saoudiennes, organisatrices de la rencontre à la demande du président américain, Donald Trump. Cet accord devra passer par une réduction massive de la production, l'arme principale de Opep, pour affronter la chute de la demande, dans un marché qui était déjà en surplus avant le début de la pandémie. L'objectif d'une coupe commune de « 10 à 15 millions de barils par jour (mbj) », a été confirmé par le ministre koweïtien du Pétrole, Khaled al-Fadhel. Ce volume, évoqué par Donald Trump jeudi dernier, semble faire consensus mais le partage de l'effort entre pays s'annonce épineux. La Russie, au cœur de la négociation en tant que deuxième producteur mondial et chef de file des partenaires du cartel, semble cette fois prête à coopérer, contrairement à la précédente réunion, début mars, qui s'était soldée par un fiasco, débouchant sur une guerre des prix. Mais l'Arabie saoudite et la Russie ont dit qu'elles réduiraient leur production « uniquement si d'autres grands producteurs de pétrole les rejoignent », note Bjarne Schieldrop, analyste de Seb. Les États-Unis, premiers producteurs mondiaux, poussent au compromis afin de redonner de l'air à leur industrie de pétrole de schiste, en grande difficulté compte-tenu de la déroute des prix. Alors que les entreprises américaines pompaient jusqu'à présent à des niveaux record autour de 13 mbj, leur production devrait plafonner à 11,8 mbj sur l'année, selon l'Agence américaine d'information sur l'énergie. De plus, les capacités de stockage de brut, qui arrivent à leurs limites, obligent de facto les pays producteurs à freiner leur production. Contrairement à d'autres, Washington ne peut pas contraindre ses producteurs en raison des règles sur la concurrence. Signe de la gravité de la situation, Ryad et Moscou ont largement élargi le cercle des participants à cette réunion, invitant de nombreux producteurs extérieurs à l'alliance Opep. Dans son discours introductif, le ministre russe de l'Energie Alexandre Novak a salué jeudi la présence du Canada, de la Norvège, de l'Égypte, de l'Argentine, de la Colombie, de l'Indonésie, du Tchad, de l'Équateur, et de la Trinité-et-Tobago. La conférence survient au moment où l'industrie pétrolière traverse « un choc sans équivalent », selon l'Agence internationale de l'Énergie, qui prévoit que le ralentissement de l'économie mondiale devrait conduire à un excédent de brut susceptible d'atteindre 25 mbj en avril, selon Rystad Energy.