Un accord a été conclu vendredi après une réunion cruciale des pays exportateurs de pétrole, pour une baisse massive de production. Le but est d'enrayer la chute des cours. Un communiqué de l'Organisation des producteurs de pétrole (Opep), publié après onze heures de discussions par visioconférence, a fait état d'une entente préalable sur une diminution de l'offre mondiale de 10 millions de baril de brut par jour (mbj) en mai et juin. Il reste cependant un obstacle : un pays non-membre du cartel, le Mexique, n'a pas donné son approbation. Or, elle est indispensable pour entériner une décision à la hauteur de la crise qui frappe le secteur en ces temps de pandémie mondiale du coronavirus. Alors que sur les marchés on pouvait craindre des frictions entre Ryad, leader de l'Opep, et Moscou, le Mexique bloque tout en trouvant excessif l'effort qui lui est réclamé, comparé à d'autres pays, selon l'agence d'informations financières Bloomberg. La crise sanitaire a déséquilibré un marché où l'offre mondiale était déjà en excédent. Elle l'est désormais dans des proportions rarement vues, en raison des restrictions aux déplacements prises partout pour éviter la propagation de la maladie du covid-19. Le retrait de dix millions de barils serait pour l'essentiel supporté par l'Arabie saoudite et la Russie, mais au moins une vingtaine d'autres pays devraient participer à l'effort, d'après la même source. « Ils sont proches d'un accord, nous saurons bientôt ce qu'il en est », a voulu rassurer Donald Trump lors d'un point de presse jeudi à Washington, après un échange avec son homologue russe Vladimir Poutine et le roi Salmane d'Arabie saoudite. Les Etats-Unis, premier producteur mondial, ne sont pas non plus membre de l'alliance Opep. Mais ils souhaitent une réduction de l'offre pour stabiliser les prix, et redonner de l'air à leur industrie de pétrole de schiste, en grande difficulté. En raison du confinement de la moitié de la population mondiale pour limiter la pandémie de Covid-19, du fort ralentissement des transports et de la baisse de la production industrielle, la demande de pétrole est en chute libre. Alors qu'ils tournaient encore autour de 60 dollars il y a quelques mois, les cours du baril ont atteint en début de semaine dernière des niveaux plus vus depuis 2002. Le prix du baril selon le panier de l'Opep est juste au-dessus de 21 dollars. Les 13 pays de l'Opep et leurs 10 pays partenaires, avec lesquels ils forment l'alliance Opep+, tentent donc de réagir. Pour organiser cette réunion extraordinaire, l'Arabie saoudite et la Russie ont renoué le dialogue et mis fin à la guerre de prix et des parts de marché qu'ils avaient déclenchée après leur dernière conférence, le 6 mars à Vienne. Moscou, deuxième producteur mondial, avait alors claqué la porte de l'Opep+. Et Ryad, premier exportateur, avait ouvert les vannes et bradé son pétrole à destination de l'Europe. Les pays de l'Opep ont tous été surpris par la rapidité de la propagation du virus et par ses répercussions spectaculaires sur la demande. La secousse est d'autant plus forte que l'offre mondiale de brut était déjà excédentaire avant la pandémie.