Le chef de l'ONU, Antonio Guterres, recherche une nouvelle personnalité pour le rôle d'émissaire des Nations unies pour la Libye, selon des diplomates. Washington a refusé d'endosser la candidature de l'Algérien Ramtane Lamamra, pressenti pour cette fonction. Il y a un mois, la nomination de l'ex-ministre algérien des Affaires étrangères (2013-2017) semblait pourtant acquise. Mais pas pour les Etats-Unis, qui ont multiplié « les questions » alors que « tout le monde » était d'accord avec ce choix, selon un diplomate. Mercredi, à l'occasion d'une réunion à huis clos sur la Libye, une responsable de l'ONU a annoncé au Conseil de sécurité qu'Antonio Guterres avait lancé des recherches pour trouver quelqu'un d'autre, a indiqué une autre source. Le secrétariat « travaille d'arrache-pied pour faire une proposition », a dit cette source sous couvert d'anonymat. Aucun commentaire n'a pu être obtenu auprès de la mission américaine auprès de l'ONU sur les raisons ayant motivé son opposition à l'ex-ministre algérien, âgé de 67 ans et considéré comme un diplomate très expérimenté. Parmi les explications, figure celle de pressions sur Washington de l'Egypte et des Emirats arabes unis, soutiens du maréchal Khalifa Haftar, qui considérent que Ramtane Lamamra était trop proche du gouvernement de Tripoli, a indiqué un autre diplomate. Une quatrième source estime qu'il a pu être jugé par Washington trop proche de la Russie, accusée de soutenir le maréchal Haftar avec des mercenaires, ce dont Moscou se défend. En fonction depuis juin 2017, l'émissaire de l'ONU en Libye, le Libanais Ghassan Salamé, a démissionné le 2 mars, avançant des « raisons de santé » alors que le processus politique dans ce pays, en proie à la guerre civile, est plus que jamais dans l'impasse. Antonio Guterres est par ailleurs toujours à la recheche d'un autre émissaire, pour le conflit au Sahara. Ce poste est vacant depuis mai 2017 après la démission, là aussi pour raisons de santé, de l'ancien président allemand Horst Köhler, 76 ans. Dans ce dossier, le chef de l'ONU pensait aussi avoir trouvé il y a près de deux mois la personne idéale avec Miroslav Lajcak, alors ministre des Affaires étrangères de la Slovaquie et ex-président de l'Assemblée générale des Nations unies. Le 12 février, sa candidature semblait être sur le point d'être formalisée quand l'Union européenne l'a préempté à la dernière minute pour qu'il devienne émissaire de l'UE pour le dialogue entre Belgrade et Pristina.