« Les files de voitures d'individus qui ont été vues partir du Pays Basque ou de la Communauté Valencienne vers une seconde résidence, malgré toutes les recommandations des scientifiques et des autorités, seraient improbables de l'autre côté du détroit», affirme El País, le quotidien généraliste ayant la plus grande diffusion en Espagne. Le Maroc était bouclé dimanche et sa population cloîtrée pour endiguer l'épidémie de coronavirus, des mesures parmi les plus rigoureuses et les plus efficaces prises au monde, reconnaît le quotidien espagnol El Pais, dans son édition de ce soir. Alors que le Premier ministre, Pedro Sánchez, a déclaré samedi 21 mars que l'Espagne avait appliqué «les mesures les plus drastiques au monde» en matière de gestion de la pandémie de coronavirus, le Maroc a prévu des mécanismes beaucoup plus effectifs, affirme le journal de centre-gauche. Tous les déplacements non essentiels et les visites hors du domicile sont désormais interdits, à l'exception des sorties pour s'approvisionner, se faire soigner ou se rendre au travail. Depuis vendredi 20 mars, il est obligatoire de faire tamponner une autorisation par les autorités pour quitter votre domicile au Maroc, énonce le quotidien. Samedi à minuit, le transport public et privé de passagers a été déclaré interdit, continue d'énumérer El Pais. Cela comprend, en plus des bus, les grands taxis et les véhicules privés, détaille El País, qui loue la vigilance marocaine. Avec cette batterie de décisions, soutient le journal espagnol, le Maroc était ce samedi «à la tête des pays qui ont adopté les mesures les plus sérieuses dans leur lutte contre le coronavirus». «Même la Chine n'a pas implanté un tel dispositif sur tout son territoire» renchérit-il. «Le gouvernement de Xi Jinping n'a pas complètement suspendu le transport dans la province de Hubei de 60 millions d'habitants, où se trouve la ville de de Wuhan, épicentre de l'épidémie. En dehors du Hubei, des lignes de bus interprovinciales, certaines lignes de train ont été interrompues et de nombreux vols ont été annulés, mais pas tous. Le métro et les bus urbains continuent de fonctionner dans les grandes villes ; cependant, la recommandation est de les éviter autant que possible», précise El País. Au Maroc, malgré les chiffres officiels dévoilant peu d'infections et seulement trois décès dus au coronavirus (chiffres du 21 mars) [ NDLR 115 cas et 4 décès, chiffres officiels du 22 mars à 14h30], les autorités marocaines n'ont pas réfléchi à deux fois pour appliquer des mesures « radicales » qui concernent ses 34 millions d'habitants, reconnaît le quotidien ibérique. El Pais, dans un long article détaille toutes les mesures prises le Royaume. Vendredi 13 mars, le Maroc a fermé les frontières avec Ceuta et Melilla et n'a autorisé que le départ des touristes étrangers bloqués dans le pays. Les routes de retour vers le Maroc ont été fermées pour les Marocains qui se trouvent à l'extérieur du pays. Dimanche 15 mars, avec un seul décès officiel reconnu à cause de la pandémie, le Maroc a pris la décision de suspendre tous les vols internationaux et n'a laissé ouverts que ceux strictement nécessaires au rapatriement des touristes vers leur pays d'origine. Lundi 16 mars, avec 29 cas de contagion et un seul décès, le Maroc a fermé tous les établissements scolaires. Le samedi 21 mars, avec 96 personnes infectées et trois morts, la compagnie aérienne nationale, Royal Air Maroc, a suspendu ses vols intérieurs. L'Organisation nationale des chemins de fer (ONCF) a suspendu les lignes longue distance et réduit au minimum les plus fréquentées, entre Casablanca et Kénitra. À travers la frontière marocaine avec Ceuta, des centaines de touristes ont défilé tout au long de la semaine. Mais toujours en direction de l'Espagne. Les frontières vers le Maroc sont restées fermées. Les mesures affecteront sans aucun doute une économie 10 fois plus petite que celle de l'Espagne, note le quotidien. Le tourisme contribue au Maroc à hauteur de 7% de son PIB, contre 15% en Espagne. Cependant, le gouvernement marocain a également annoncé une batterie de mesures économiques pour aider les entreprises et les particuliers touchés, rappelle El Pais. Les règles de confinement du Maroc ont été décrétées de manière précoce bien plus que dans la plupart des pays touchés et sont de plus, plus sévères. Pour preuve, lundi 16 mars, avec seulement 29 cas d'infection reconnus, le ministère de l'Intérieur avait d'ores et déjà interdit les rassemblements publics de plus de 50 personnes tandis que cinémas, musées, cafés et restaurants ont baissé le rideau, rappelle le quotidien. La fermeture des mosquées a été annoncée à partir de vendredi 20 mars. Ce même jour, les autorités ont annoncé que les habitants n'étaient autorisés à quitter le domicile que s'ils sont munis d'un sauf-conduit qui concerne trois cas : le travail, des raisons de santé ou effectuer des achats urgents à proximité de leur domicile. Bien que le système de production ne se soit pas arrêté dans le pays, les mesures de l'état d'urgence sanitaire ont laissé les rues quasi-désertes. Toute violation de celles-ci peut entraîner à partir de ce dimanche, spécifie avec admiration El pais des peines allant d'un à trois mois de prison. Les véhicules militaires sillonnent les grandes villes, demandant aux habitants de rester chez eux par le biais de haut-parleurs. Et ce dimanche, le gouvernement a demandé aux éditeurs de journaux et de magazines de suspendre l'édition papier de leurs publications. Jusqu'à nouvel ordre.