Amnesty international (AI) n'a enregistré aucune avancée en matière de droits l'Homme en Algérie en 2015, malgré les lois votées par le Parlement notamment celle criminalisant les violences contre les femmes. Dans son rapport annuel publié ce mercredi 24 février, l'ONG dresse un tableau sombre de la situation. « Les autorités ont restreint la liberté d'expression, d'association et de réunion. Des manifestants pacifiques, des militants et des journalistes ont été arrêtés, poursuivis et emprisonnés », affirme l'ONG. En matière de liberté de réunion, l'ONG rappelle l'interpellation des « militants » et des « manifestants pacifiques » à Laghouat en janvier dernier. « Certaines des personnes arrêtées ont fait l'objet de poursuites pénales pour, entre autres, participation à des « attroupements non armés » », souligne l'ONG. Amnesty International cite la condamnation de sept manifestants à un an de prison à Tamanrasset et l'interdiction toujours en vigueur des manifestations à Alger. Hassan Bouras et le caricaturiste Tahar Djehiche. Même constat en matière de liberté d'expression. Amnesty International rappelle le cas du responsable régional de la LADDH à El Bayadh, Hassan Bouras (libéré en janvier 2016, NDRL), détenu pour notamment « outrage envers un corps constitué ». L'organisation internationale évoque aussi la condamnation du caricaturiste Tahar Djehiche à six mois de prison par le tribunal d'El Oued en novembre dernier « pour « atteinte » au président Abdelaziz Bouteflika et « provocation » à une action de protestation contre le gaz de schiste pour un commentaire qu'il avait laissé sur sa page Facebook ». Amnesty International consacre une partie de son rapport sur l'Algérie au problème de l'impunité. « Cette année encore, les autorités se sont abstenues d'enquêter sur les milliers de disparitions forcées et autres atteintes (…), de traduire en justice les responsables présumés (…) » des disparitions forcées durant la Décennie noire, selon elle. « Certains proches des victimes de disparition forcée qui continuaient de réclamer la vérité et la justice ont fait l'objet de surveillance et étaient régulièrement convoqués pour interrogatoire par les forces de sécurité », dénonce l'ONG. L'ONG estime par ailleurs, qu'en « l'absence de loi spécifique, les femmes ne bénéficiaient toutefois toujours pas d'une protection suffisante contre les violences liées au genre (en 2015) ». Le Code pénal « conserve la disposition permettant à un violeur d'échapper aux poursuites pénales s'il épouse sa victime, dans la mesure où celle-ci est âgée de moins de 18 ans », rappelle aussi Amnesty.