La photo d'un enfant syrien, sans vie, le visage dans le sable et le corps à demi submergé par les eaux du rivage, a eu un effet choc sur le monde et l'opinion européenne en particulier, quant au terrible drame de l'immigration dans la Méditerranée et ce, dans la quasi- indifférence des sociétés nanties. L'enfant Aylan Kordi , 3 ans, a perdu la vie ainsi que son frère Galup, 5 ans , dans le naufrage du bateau qui les amenait mercredi, de la ville côtière turque de Bodrum à l'ile grecque de Kos, l'un des courts passages maritimes entre la Turquie et l'Europe. Alertés par les cris des naufragés, les sauveteurs n'ont rien pu faire que de repêcher les corps de 12 victimes dont l'enfant Aylan Kordi. La diffusion à grande échelle de la photo du cadavre de l'enfant, sur les réseaux sociaux, avec des commentaires désabusés sur l' impassibilité de l'Europe face au sort dramatique de milliers de réfugiés fuyant l'oppression et la misère sévissant à quelques encablures du vieux continent a, semble-t-il, réveillé les consciences apathies des uns et des autres, face aux cris d'indignation et aux appels à plus d'engagement solidaire et de compassion envers les réfugiés en détresse. Ce cri de la conscience s'est répercuté à travers les médias ayant pignon sur rue. En Italie, le quotidien La Repubblica a tweeté « La photo qui fait taire le monde », et en Espagne, El Pais en faisait le « symbole du drame migratoire », tandis qu'El Periodico titrait sur le « Naufrage de l'Europe ». « Certains disent que l'image est trop offensante pour être partagée en ligne ou imprimée dans nos journaux », écrit dans une tribune Peter Bouckaert, directeur pour les situations d'urgence de HRW. « Mais ce que je trouve offensant c'est que des corps d'enfants noyés viennent s'échouer sur nos rivages, alors que l'on aurait pu en faire plus pour leur sauver la vie », a-t-il ajouté. Le flot de migrants n'a pas cessé de jeter son, dévolu sur le continent européen. Au seul port athénien du Pirée, près de 4.500 d'entre eux ont mis pied à terre mercredi sur le continent européen, transférés par bateaux spéciaux de Lesbos, en Egée orientale. Au large des côtes libyennes, ce sont près de 3.000 personnes, dont des centaines de femmes et d'enfants, qui ont été secourues mercredi, selon les garde-côtes italiens et l'ONG Médecins sans frontières, alors qu'en Hongrie des autorités semblent dépassées par les vagues de migrants qui veulent gagner l'Autriche et l'Allemagne, et qui se sont massés en grand nombre dans la gare ferroviaire de Budapest, où ils ont, d'ailleurs, trouvé portes closes pour cause de suspension du trafic par les responsables.