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L'Algérie post-Ahmed Gaid Salah est à la croisée des chemins
Publié dans Barlamane le 29 - 12 - 2019

Après la disparition du général Ahmed Gaïd Salah, puissant chef d'état-major de l'armée, la question est de savoir si le président nouvellement élu peut réformer le système politique soutenu par l'armée, mais profondément remis en cause par la rue.
À peine 11 jours après l'élection d'Abdelmadjid Tebboune à la présidence d'une Algérie profondément polarisée, le chef d'état-major de l'armée Ahmed Gaïd Salah, homme fort du régime après le retrait du président Abdelaziz Bouteflika, est mort le 23 décembre d'une crise cardiaque.
Cet événement inattendu a suscité des interrogations sur l'avenir du système politique algérien. Il st évidemment trop tôt pour dire si la mort de Gaid Salah entraînera le pays dans une phase d'incertitude, ou si – comme certains le souhaiteraient – cela changera les forces à l'œuvre au sein d'un système décrié, miné par les rivalités.
Gaid Salah était lui une figure centrale de la structure du pouvoir depuis 2004, date à laquelle il a été nommé chef de cabinet par le président d'alors, Abdelaziz Bouteflika. Désigné après que son prédécesseur, Mohamed Lamari, a été licencié pour s'être opposé avec véhémence aux plans de M. Bouteflika pour briguer un second mandat.
Né en 1940, Gaid Salah a rejoint l'armée de libération algérienne à l'âge de 17 ans pour participer à la lutte contre le régime colonial. Après l'indépendance, il a pris part la guerre des Six Jours qui s'est déroulée du 5 au 10 juin 1967, ainsi que la guerre du Ramadan en 1973. Il a ensuite intégré une académie militaire soviétique et, à son retour, il est devenu le chef des forces terrestres de l'armée.
Au cours des deux dernières décennies, Gaid Salah a fermement soutenu M. Bouteflika – artisan malgré lui du chaos dans lequel l'Algérie se trouve actuellement. Il a notamment contribué au démantèlement des services de renseignement du DRS, en mettant à la retraite en 2015 son puissant chef Mohamed (Toufik) Mediene.
Gaid Salah a également soutenu la candidature impopulaire de M. Bouteflika à un cinquième mandat plus tôt cette année, une annonce qui a déclenché des manifestations pro-démocratiques sans précédent en février, alors que les manifestants exigeaient des changements radicaux dans la façon dont le pays est dirigé – y compris le retrait de l'armée de la politique. Telle était l'influence de Gaid Salah, cependant, qu'en avril, le puissant général a forcé M. Bouteflika à démissionner après 20 ans au pouvoir.
Pourtant, alors même que l'appel du mouvement de protestation à la destitution de M. Bouteflika était satisfait, Gaid Salah et les manifestants ont traversé des routes parallèles. La perception de la gouvernance par Gaid Salah était considérée comme dépassée et donc antagoniste aux exigences de la rue algérienne, qui réclame une refonte sans conditions des hautes sphères du pouvoir.
Gaid Salah a peut-être joué un rôle important dans la modernisation de l'armée et déclenché une campagne anti-corruption qui a conduit à l'arrestation et à la condamnation du puissant frère de M. Bouteflika, Saïd, et de son cercle d'oligarques. Cependant, les manifestants qui ont d'abord félicité Gaid Salah pour ses actions ont vite déchanté. Loin de répondre aux réclamations de la rue, il a ordonné l'arrestation de dizaines de militants, dont beaucoup sont toujours détenus pour de vagues accusations telles que «atteinte à l'unité nationale» et «atteinte au moral de l'armée».
Lorsqu'il a annoncé l'élection présidentielle au début de décembre, déclarant que le scrutin contribuerait à rétablir la stabilité dans le pays, des milliers d'Algériens sont descendus dans la rue. Ils ont dénoncé les cinq candidats au scrutin, qui étaient essentiellement d'anciens apparatchiks du gouvernement de M. Bouteflika. Cependant, Gaid Salah a décrit ceux qui s'opposent à l'élection comme faisant partie d'un «gang criminel», «plein d'amertume et de haine viscérale pour l'Algérie». Il a également ordonné aux forces de sécurité de «mettre fin à toute perturbation pourrant entacher le scrutin honni».
La victoire de M. Tebboune n'a fait que renforcer l'inquiétude des forces réformatrices concernant les élections, de nombreux Algériens qualifiant de manière badine l'ancien Premier ministre de «mal élu» sur les réseaux sociaux compte tenu de sa proximité avec le chef de l'armée.
Au cours des 10 derniers mois depuis que le mouvement de contestation populaire est entré en action, Gaid Salah a souligné une réalité de la politique algérienne – le pouvoir omnipotent de l'armée sur les autres institutions et, surtout, sur la vie politique dans le pays. Son décès, bien qu'il s'agisse sans aucun doute d'un événement majeur dans l'histoire de l'Algérie après l'indépendance, ne changera probablement pas ce fait. Comme l'a récemment déclaré l'historien français Benjamin Stora, «la mort de Gaid Salah ne va pas conduire à une reconfiguration des forces politiques».
Il dit vrai. Quelques heures après sa disparition, le régime a agi rapidement pour nommer le général Saïd Chengriha comme son successeur; à peine cinq ans plus jeune, le discret Chengriha est issue de la même génération que Gaid Salah. Et pourtant deux questions se posent: d'abord, le nouveau chef de l'Etat adoptera-t-il une approche différente vis-à-vis du mouvement protestataire ? Et deuxièmement, va-t-il démanteler le régime dominé et capté par les militaires ? Cela est hautement improbable.
Le rôle dominant de l'armée a de nouveau été souligné la semaine dernière lorsque l'une des premières mesures prises par M. Tebboune après son élection, a été de décorer Gaid Salah de l'ordre du mérite lors de sa cérémonie d'assermentation. Ce qui signifie que sa mort soudaine aura été un revers pour le nouveau président, ayant perdu un allié important alors même qu'il tente de contenir les manifestations qui tiennent toujours.
M. Tebboune a été élu avec le taux de participation le plus bas de l'histoire du pays et il sait qu'il aura besoin du soutien du général Chengriha dans les circonstances actuelles. Même si sa première initiative a été de mettre en place un dialogue inconditionnel avec la rue, le nouveau président est confronté à un dilemme cornélien: opter pour une démocratisation poussée du pays ou maintenir le statu quo, devenu insoutenable pour l'opinion publique nationale.
Pour tant d'Algériens, M. Tebboune semble être la réincarnation de la direction précédente. Et pourtant, il y a de nombreux espoirs qu'il pourrait encore se révéler être un réformateur. Avec l'autorisation de l'armée.


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