L'Algérie a organisé, le 25 décembre, d'imposantes funérailles militaires pour le général Ahmed Gaïd Salah, dirigeant de facto du pays riche en gaz au milieu des troubles politiques tout au long de cette année, mort lundi à l'âge de 79 ans. Toutefois, son héritage divise. Une immense foule a accompagné, mercredi, le cortège funèbre pour rendre hommage au général Ahmed Gaid Salah, chef des forces armées. Certaines personnes ont couru à côté de véhicules militaires drapés de fleurs, criant de chagrin. D'autres ont salué son cercueil, drapé du drapeau algérien ou embrassé son portrait. Gaid Salah est décédé subitement d'une crise cardiaque, lundi, à l'âge de 79 ans, plongeant l'Algérie dans une nouvelle incertitude après 10 mois de manifestations antigouvernementales en faveur de la démocratie. Le cercueil en bois contenant le corps de l'ancien homme puissant de l'Algérie est arrivé couvert du drapeau national et porté par des officiers. Après une cérémonie au Palais du Peuple, il a été enterré au cimetière d'El Alia aux côtés d'autres éminentes personnes qui ont marqué l'histoire du pays. L'armée joue un rôle central dans la prise de décision en Algérie, un allié clé des puissances occidentales dans la lutte contre l'extrémisme islamique, malgré les critiques. Si certains ont dépeint Gaid Salah en tant que symbole de la génération de l'indépendance en déclin et garant de la stabilité du pays au milieu des manifestations qui ont secoué le pays depuis février, d'autres le considéraient comme incarnant une élite opaque et corrompue, déconnectée des préoccupations et des défis de l'importante population juvénile algérienne. Alors que les manifestations atteignaient leur apogée en avril, Gaid Salah a appelé le président octogénaire et son allié de longue date Abdelaziz Bouteflika, à démissionner, ce qui a eu lieu peu après. Bien qu'un président intérimaire ait été nommé, Gaid Salah était largement considéré comme celui tenant les rênes de l'Algérie. Il a poussé à une présidentielle pour qu'un successeur de Bouteflika soit désigné, un scrutin que les manifestants considéraient comme une mascarade vu que le véritable pouvoir restera entre les mains de l'armée. Ils ont scandé «un Etat civil, pas un Etat militaire» et, au fur et à mesure des rassemblements, ont exigé la démission de Gaed Salah. Après la mort de ce dernier, survenue cette semaine, Abdelmadjid Tebboune a rapidement nommé Said Chengriha, 74 ans, chef des forces terrestres et issue de la même génération que Gaed Salah, pour le remplacer. Chengriha, comme Gaid Salah et la plupart des autres dirigeants algériens depuis l'indépendance, est un vétéran de la guérilla contre la colonisation française. Encore que les manifestants aient exigé que la vieille garde quitte le pouvoir, ils se sont également présentés tout au long de leurs manifestations comme l'incarnation d'une nouvelle liberté pour l'Algérie. Mercredi, le ministère des Affaires religieuses a demandé aux imams de diriger des prières à la mémoire de Gaid Salah. En attendant, les manifestants, qui sort toujours, exigent une refonte complète du système politique de l'Algérie. Les étudiants ont tenu leurs manifestations hebdomadaires régulières mardi après sa mort, malgré les trois jours de deuil officiel déclarés par les autorités algériennes.