Alors que tout présageait une bonne rentrée politique pour le PPS, le bureau politique de ce dernier a annoncé, mardi, via un communiqué, que le parti a décidé de se retirer du gouvernement. Les consultations autour du remaniement ministériel n'ont ainsi, peut-être, pas suivi les attentes du PPS. Un petit retour en arrière s'impose. Le PPS avait fait le choix conscient de prendre part au premier gouvernement péjdiste en 2011, présidé par Abdel-Ilah Benkirane. Un choix qui lui avait même attiré les foudres de l'USFP, confrère idéologique, qui avançait que le PPS avait vendu son âme aux islamistes. Le PPS avait ainsi réussi à placer 8 ministres dans la formation ministérielle. Lors du deuxième mandat du PJD en 2015, présidé par Saâdeddine El Othmani, le PPS n'a eu droit qu'a 3 ministres. Parmi ces 3 postes, un secrétariat d'Etat a été supprimé en 2018. Il était assuré par Charafat Afilal. Cela a donc réduit le nombre de ministres du PPS à 2 seulement. Le parti, mécontent de voir que sa représentation gouvernementale diminuait à vue d'oeil, a menacé de quitter la formation gouvernementale. Que le PPS boude le gouvernement, ce n'est pas la première fois. Cette fois, on dirait presque que le même schéma se répète. Dans leur communiqué, le PPS se désole du fait que les consultations concernant le remaniement ministériel « sont restées bloquées dans la logique des postes ministériels, leur nombre, leurs quotas et autres considérations, sans pouvoir saisir le vrai sens de ce changement ». Traduction : le PPS est mécontent de perdre son ministre de la Santé, Anas Doukkali, et de ne garder ainsi, qu'un seul poste ministériel. Alors qu'à la rentrée, le Parti socialiste avait déclaré rester dans le gouvernement. Les consultations autour du remaniement sont décrites comme floues. Nabil Benabdellah, secrétaire général du PPS a affirmé à Barlamane.com/fr que « [nous] avons plusieurs fois demandé tout au long du mois de septembre, afin de connaître quels sont les plans du prochain gouvernement au niveau politique, nous n'avons eu aucune réponse ». Selon Benadallah, les discussions autour de la forme du gouvernement ont primé sur le fond. Et ce de fait, martèle Benabdellah : « le futur gouvernement ne sera pas en mesure de répondre aux aspirations des Marocains ». Rappelons qu'à l'occasion de la commémoration du 60ème anniversaire de la création de l'USFP, Driss Lachgar, secrétaire général de l'USFP, a estimé, dans un clin d'œil au PPS, que « le gouvernement (…) est lourd numériquement et politiquement ». Il a également affirmé avoir fait part au Chef du gouvernement de cette idée. Une déclaration qui n'a pas du tout plu à Nabil Benadellah, qui, lors du 8ème congrès de la Jeunesse socialiste, a accusé « certains misérables » de vouloir « chasser le PPS » de la formation gouvernementale. Aujourd'hui, commentant la nouvelle du départ du PPS, Lachgar s'est contenté d'affirmer dans une déclaration à Barlamane.com/fr que l'USFP était « pour la diminution des postes ministériels » tout en ajoutant « même si cela veut dire que l'USFP doit quitter le gouvernement ». Une joie à demi cachée ou un aveu implicite d'un potentiel départ de l'USFP, qui ne compte que 2 ministres délégués dans le gouvernement actuel, à savoir Mohamed Ben Abdelkader, ministre délégué à la réforme de l'Administration et de la Fonction publique et Abdelkrim Benatiq, ministre délégué aux Marocains résidant à l'étranger et aux Affaires de la migration. Concernant les échéances 2021 et les plans du PPS en termes de coalition, Nabil Benabdallah s'est contenté d'affirmer qu' « il est trop tôt pour discuter de cela, 2021 est encore loin ». Même son de cloche chez l'USFP de Lachgar. Cette convergence d'idées nous a mené, vu le revirement de situation, à nous poser la question d'un front commun, mais les deux leaders ont opposé à notre question l'échéance encore lointaine des futures législatives ou la prématurité de la problématique. On n'en saura pas plus sur une éventuelle « coalition » gauche et centre gauche, pour le moment. A moins que le centre gauche ne préfère se rapprocher plus du centre que de la gauche. A suivre.