Cet entretien téléphonique, dont un compte rendu a été publié le 25 septembre, a déclenché une procédure de destitution contre le président américain par la Chambre des représentants. La publication d'un nouveau document, dans l'affaire de la conversation téléphonique entre le président américain et son homologue ukrainien, accroît encore la pression sur Donald Trump. Selon le signalement d'un lanceur d'alerte, rendu public jeudi 26 septembre, le locataire de la Maison Blanche a non seulement sollicité l'«ingérence» de l'Ukraine dans la présidentielle américaine de 2020 lors de cet appel, mais il a aussi essayé que cet appel reste secret. C'est le signalement de ce lanceur d'alerte qui est à l'origine d'une procédure de destitution enclenchée par la Chambre des représentants à l'encontre de Donald Trump. Il porte sur un appel entre Donald Trump et son homologue ukrainien datant du 25 juillet. Lors de cet échange, le président américain a notamment demandé à M. Zelensky d'enquêter sur son rival politique Joe Biden, candidat à la primaire démocrate pour l'élection présidentielle américaine de 2020, et son fils Hunter, qui a travaillé à partir de 2014 au sein d'un groupe gazier ukrainien. Dans ce signalement daté du 12 août 2016, le lanceur d'alerte accuse notamment le président américain de «mettre en péril la sécurité nationale». « Dans l'exercice de mes fonctions officielles, j'ai reçu des informations de plusieurs responsables gouvernementaux selon lesquelles le président des Etats-Unis utilise les pouvoirs de sa fonction pour demander l'ingérence d'un pays étranger dans l'élection [présidentielle] de 2020 », écrit-il, ajoutant que l'avocat de M. Trump, Rudy Giuliani, est une « figure centrale » de ces manœuvres. D'après le lanceur d'alerte – un agent, employé, détaché ou contractuel des services de renseignement –, une douzaine de responsables l'ont informé de ces demandes d'ingérences mais il admet n'avoir jamais été «un témoin direct» de ces événements. Le lanceur d'alerte a été jugé «crédible» par l'inspecteur général des services de renseignement. A la suite de la publication de la lettre, Donald Trump a posté une déclaration sur Twitter estimant que «les démocrates essayent de détruire le parti républicain et tout ce qu'il représente» et demandant aux membres de son parti de se «serrer les coudes». Interrogé jeudi au Congrès, le directeur du renseignement national (DNI), Joseph Maguire, a déclaré ne pas connaître l'identité du mystérieux lanceur d'alerte et a juré que personne, dans l'entourage du président, ne lui avait demandé d'enquêter pour la découvrir. Evoquant un dossier «unique et sans précédent», il a défendu sa décision de ne pas transmettre son signalement aux parlementaires. «Je pense qu'il n'a pas respecté la loi», a rétorqué la chef des démocrates au Congrès, Nancy Pelosi, avant de dénoncer le choix de la Maison Blanche d'enregistrer l'appel litigieux sur un serveur réservé aux contenus classifiés ou sensibles. «C'est une manœuvre pour étouffer» l'affaire, a lancé Mme Pelosi. «Nous devons mener une enquête pour clarifier les faits», a-t-elle ajouté, reprochant à M. Trump de «mépriser» la Constitution mais promettant de ne pas «se précipiter sur les conclusions». De son côté, la Maison Blanche a dénoncé «l'hystérie et les interprétations erronées colportées par les démocrates et de nombreux médias» par la voix de sa porte-parole, Stéphanie Grisham. «Rien n'a changé avec la publication de ce signalement qui n'est rien de plus que la compilation de récits de troisième main et d'articles de presse», a-t-elle encore déclaré.