Poursuivie pour «avortement illégal» et «débauche», Hajar Raissouni connaîtra son sort le 30 septembre. La journaliste de 28 ans, derrière les barreaux depuis le 31 août, encourt jusqu'à deux ans de prison en vertu du Code pénal, qui sanctionne les relations sexuelles hors mariage et l'avortement quand les jours de la mère ne sont pas menacés. Pour la troisième audience, devant une salle comble, les avocats de la défense ont à nouveau pointé les nombreux «vices de forme» après que des demandes de mise en liberté de la journaliste ont été rejetées. Dans la foulée, plusieurs personnalités sont montées au créneau pour dénoncer certaines lois restrictives des libertés, ainsi que les disparités entre contextes légaux et illégaux et pour mettre en lumière l'éventail de certains droits individuels encore criminalisées. Elles réclament la mise en place de cadres institutionnels et juridiques susceptibles de soutenir l'évolution de la société. Cette affaire a déclenché un vif débat sur les libertés individuelles, les pratiques abortives et les législations sur les libertés civiles de sexe. Le Collectif Hors-la-loi a invité, le 23 septembre, à une réouverture de la réflexion sur les enjeux d'une harmonisation nécessaire du droit et des faits, de dépénaliser l'avortement et de consacrer la volonté de promouvoir l'égalité et l'équité entre les hommes et les femmes. La journaliste a été arrêtée avec son fiancé, un universitaire soudanais qu'elle devait épouser mi-septembre. Le gynécologue qui l'a soignée, un agent de santé et une secrétaire sont jugés simultanément. Entre 600 et 800 avortements illégaux ont pratiqués quotidiennement au Maroc, selon des estimations d'associations.