Alors que Boris Johnson a récemment annoncé la suspension du Parlement, il a rappelé aux députés britanniques que toute tentative de blocage «compromettrait gravement la confiance du peuple dans la politique». Le premier ministre britannique Boris Johnson a mis en garde ce vendredi les députés contre toute tentative de bloquer le Brexit, prévu le 31 octobre, estimant que cela «compromettrait gravement la confiance du peuple dans la politique». Les députés «ont promis de mettre en oeuvre le mandat du peuple, ils ont promis de mettre en oeuvre le Brexit et j'espère qu'ils le feront», a-t-il déclaré à la chaîne de télévision Sky, alors que sa décision de suspendre le Parlement pendant 5 semaines, juste avant le Brexit, a déclenché la fureur des députés opposés à une sortie de l'Union européenne sans accord de retrait. La décision inattendue de Boris Johnson de suspendre le Parlement a par ailleurs fait sa première victime. La très populaire chef des conservateurs écossais, Ruth Davidson, favorable au maintien du Royaume-Uni dans l'UE, a présenté sa démission jeudi. Elle a évoqué «le conflit» qu'elle a «ressenti sur le Brexit» dans sa lettre de démission et exhorté Boris Johnson à trouver un terrain d'entente avec l'Union européenne. La quadragénaire à la personnalité joviale et charismatique avait su redonner un nouveau souffle au Parti conservateur en Ecosse, qu'elle dirigeait depuis 2011. Sur le site officiel petition.parliament.uk, une pétition contre la décision, qualifiée par les opposants de «coup d'Etat», dépassait jeudi les 1,3 million de signatures. Et au Royaume-Uni, toute pétition atteignant 100.000 signatures peut déclencher l'ouverture d'un débat parlementaire. Des milliers de personnes ont manifesté mercredi soir à Londres, Manchester, Edimbourg et d'autres grandes villes. Plusieurs centaines de personnes se sont également rassemblées devant le Parlement en scandant «Arrêtez le coup d'Etat» et en brandissant le drapeau européen, puis à Downing Street où est installé le premier ministre. L'extension de cette suspension a été qualifiée de «scandale constitutionnel» par le président de la Chambre basse, John Bercow. John McDonnell, un poids lourd du Parti travailliste, a déclaré pour sa part que sa formation ne permettrait pas une «dictature» au Royaume-Uni. «C'est un scandale et une menace pour notre démocratie», a aussi réagi Jeremy Corbyn, le chef du Labour, principal parti d'opposition. Corbyn a écrit à la reine pour lui demander un entretien, selon une source au sein du Labour. Il espère obtenir le soutien des députés pour déposer une motion de censure contre le gouvernement, mais devra désormais y parvenir avant la suspension le 9 septembre. Si une telle motion passe, les députés auront jusqu'à 14 jours pour parvenir à former un gouvernement alternatif. Boris Johnson pourrait alors soit accepter de démissionner, soit convoquer des élections législatives, un scénario de plus en plus souvent évoqué. Selon le gouvernement, la date du retour a été choisie le 14 octobre pour que le Parlement siège avant le Conseil européen des 17 et 18 octobre et puisse, en cas d'un nouvel accord avec l'UE, adopter la loi nécessaire à sa ratification avant le Brexit.