Mardi, Washington a officiellement lancé une enquête sur les réseaux sociaux, les moteurs de recherche et le commerce en ligne pour déterminer si ces derniers sont devenus trop puissants, au détriment des utilisateurs. Déjà mis à l'index sur les questions du respect de la vie privée et des données personnelles, les géants de la Silicon Valley se voient aussi de plus en plus reprochés d'être devenus quasi monopolistiques, au détriment de leurs utilisateurs. Washington a lancé une vaste enquête pour déterminer comment ces entreprises sont parvenues à devenir aussi incontournables sur leur marché. Si le ministère de la Justice ne nomme pas les entreprises visées par sa procédure, il semble quand même cibler les sociétés comme Google, Facebook, Twitter ou Amazon, dominantes sur leurs marchés respectifs. Apple pourrait aussi être dans la ligne de mire dans la mesure où le groupe gère, avec l'App Store, une boutique en ligne. Les autorités veulent déterminer comment ces entreprises sont parvenues à devenir aussi incontournables sur leur marché et si elles ont eu recours à des pratiques « ayant réduit la concurrence, empêché l'innovation ou affecté les consommateurs ». Depuis plusieurs mois, élus et régulateurs américains de la concurrence attaquent les géants de la tech. Google, par exemple, est régulièrement soupçonné de favoriser, dans les résultats de son moteur de recherche, ses propres services au détriment de ses rivaux. La commission judiciaire de la Chambre des représentants a déjà lancé en juin une enquête sur « la concurrence sur le marché numérique », affirmant qu'un « petit nombre de plateformes dominantes et non régulées » avaient « un pouvoir extraordinaire dans le commerce, la communication et l'information en ligne ». L'agence en charge de la protection des consommateurs (FTC) mène aussi des investigations. Les autorités expliquent dans un communiqué vouloir « prendre en compte les craintes répandues des consommateurs, des entreprises et des entrepreneurs » qui ont « émis des inquiétudes sur les services de recherche, sur les réseaux sociaux et sur les plateformes de commerce en ligne ». « Sans la discipline d'une compétition significative, les plateformes numériques peuvent employer des moyens qui ne répondent pas aux demandes des consommateurs », a commenté Makan Delrahim, en charge des questions antitrust au ministère américain de la Justice, dans le document. Les autorités américaines ne sont pas les seules à s'attaquer aux géants du numérique. La semaine dernière, la Commission européenne avait annoncé l'ouverture d'une « enquête approfondie » sur Amazon, qu'elle soupçonne d'utiliser à son avantage les données issues des détaillants indépendants utilisant son site. La commission avait déjà infligé trois lourdes amendes à Alphabet, la maison mère de Google. Les régulateurs américains ont, eux, le pouvoir de non seulement imposer des amendes salées en cas des non-respect des règles de la concurrence mais aussi d'ordonner des remèdes « structurels » afin de garantir plus de compétition sur le marché, y compris des scissions. Pour Dan Ives, analyste de Wedbush Securities, « ce combat des titans entre Washington et les géants de la tech fait plus de bruit que de mal » pour le secteur et « va probablement résulter en quelques modifications du modèle économique plutôt qu'en dissolutions forcées des activités ». »Je ne pense pas que les Etats-Unis soient sérieusement enclins à démembrer ces sociétés, parce qu'ils ont encore plus peur que les entreprises chinoises ne deviennent encore plus grosses », a aussi déclaré Patrick Moorhead, fondateur du cabinet Moor Insights & Strategy.