Rabat le 30 Mars 2019 L'instabilité institutionnelle et constitutionnelle en Algérie, depuis maintenant plus d'un mois, soulève de sérieuses interrogations dont la principale est «qui gouverne l'Algérie ?», dès lors que l'armée a ordonné la destitution du président Abdelaziz Bouteflika et que le Conseil constitutionnel feint d'ignorer les injonctions de l'armée. Depuis le 26 mars dernier, date à laquelle le chef d'Etat-major de l'armée algérienne, Gaid Salah, avait recommandé la destitution du président, Bouteflika semble avoir été «neutralisé» et, de fait, «dessaisi » de toute prérogative, y compris de l'autorité qu'il exerçait sur les médias officiels de l'Etat avec lesquels il aurait rompu toute communication, lui qui avait relevé de ses fonctions le directeur de la télévision, moins de 24 heures plus tôt. Qui gouverne l'Algérie ? Les médias officiels relaient le discours de l'armée, sans pour autant donner la parole au président algérien, qui n'a pas été destitué et qui n'a pas, non plus, démissionné, et dont le mandat ne prendra fin que le 18 avril prochain. A priori, il assume toujours, théoriquement, mais légalement et jusqu'à preuve du contraire, les fonctions de chef de l'Etat . Cette situation, teintée d'incertitude et de graves risques, en cas de persistance, ne devrait connaître d'issue que le 18 avril, date d'échéance du quatrième mandat du président Bouteflika, maintenant que les élections présidentielles ont été annulées et reportées. Le processus de transition devrait s'enclencher à compter du 18 avril prochain. Toutefois, le peuple algérien, à travers les manifestations qui se maintiennent depuis maintenant plus d'un mois, n'a toujours pas proposé d'alternative, en dehors de celles prévues dans la constitution, concernant la vacance du pouvoir, comme il n'a pas proposé de nom ou une liste de noms, pour éventuellement conduire la transition, dès lors qu'il récuse tous les anciens ténors du système. Il est certes difficile de produire le nom d'une personnalité, en dehors du système, qui ferait le consensus, sachant que jusqu'à présent, les manifestants refusent toute alternative, émanant des partis politiques, qu'ils soient de la majorité ou de l'opposition. Autre interrogation : A quel titre Ramtane Laamamra effectue des missions à Genève et Prétoria, pour soutenir le Polisario ? le nouveau chef du gouvernement algérien, nommé par Bouteflika et son adjoint, qui n'est autre que Ramtane Laamamra, ne jouissent pas de la confiance du peuple algérien, et ne sont plus mandatés pour aucune mission. D'ailleurs, rares furent ceux qui avaient répondu à leur invitation pour former un nouveau gouvernement. C'est l'attente. Pour combien de temps encore. *journaliste et écrivain