ALM : Quelle lecture faites-vous des dernières sorties médiatiques du secrétaire général de l'Istiqlal ? Abderrahim Manar Sellimi : Le comportement politique de Hamid Chabat, le nouveau secrétaire général de l'Istiqlal, montre bien qu'il est devenu un opposant au sein du gouvernement. A travers certaines sorties médiatiques et certaines décisions politiques, il donne l'impression de demander plus qu'un simple remaniement ministériel. Certes, le leader de l'Istiqlal veut adresser des messages aux membres de son parti à travers les demandes de remaniement mais ce plafond a été dépassé dans certains cas. Aujourd'hui, Chabat fait de l'opposition au gouvernement plus que l'opposition elle-même.
Est-ce qu'il cherche simplement à se démarquer par rapport à l'ancien secrétaire général du parti ? Je pense que le parti de l'Istiqlal est en train de changer véritablement. Auparavant, les leaders du parti se contentaient d'observer la scène politique avant de prendre des décisions. Aujourd'hui, le nouveau secrétaire général n'hésite pas à prendre le devant de la scène. Il semble même entrer en confrontation directe avec le chef de file de la majorité. Mais cela ne peut pas être sans conséquences sur le parti en interne. D'ailleurs, l'Istiqlal est actuellement divisé en trois camps. Il y a tout d'abord le camp de Chabat. Ensuite, on retrouve le camp de Abdelouhed El Fassi. Et enfin, les ministres istiqlaliens au sein du gouvernement forment un camp plus moins isolé essayant tant bien que mal de s'adapter à la nouvelle donne. Quelle peut être la réaction du PJD ? Je pense que toutes les hypothèses restent ouvertes dans cette situation un peu extraordinaire. En effet, c'est la première fois dans l'histoire politique du pays qu'on assiste à un tel comportement politique. Cela dit, le PJD peut toujours s'en sortir en ayant recours à des manœuvres. Mais il faut dire que le parti profite surtout de la situation actuelle de l'opposition parlementaire. Cette dernière est, à mon avis, complètement perdue. Lors de la dernière séance de questionnement du chef de gouvernement au Parlement, presque toutes les formations politiques de l'opposition ont eu un recours systématique dans leurs interventions à des versets coraniques. Elles veulent ainsi adopter le même discours que le PJD. Mais l'opposition oublie ainsi qu'elle marque plutôt des points en faveur du parti de la lampe. Un parti qui sait très bien tirer profit de ce qui se passe au Maroc, mais également dans le monde arabe pour s'en sortir.