Alors que le gouvernement tente tant bien que mal de resserrer les rangs de sa majorité, l'opposition, elle, met les dernières retouches sur ses amendements avant de rendre sa copie. Le ministre de l'économie et des finances, Nizar Baraka, et son ministre délégué chargé du Budget, Idriss Azami Al Idrissi, passeront des moments difficiles avant le vote du budget 2013. Les deux hommes peinent déjà à convaincre les groupes parlementaires de la majorité sans parler des partenaires sociaux, notamment la CGEM (Confédération générale des entreprises du Maroc) qui a critiqué certaines dispositions de la loi de Finances. L'opposition a déjà déterminé plusieurs mesures qu'elle tentera de changer à travers ses amendements. Le PAM (Parti authenticité et modernité) consacrera une grande partie de ses amendements aux mesures fiscales introduites dans le PLF. Selon Milouda Hazib, députée PAM, il sera question dans les amendements de préserver le pouvoir d'achat des classes moyennes ainsi que le maintien des équilibres financiers des entreprises en particulier les petites et moyennes parmi elles. Le fonds de solidarité avec le monde rural ne devrait pas être en reste dans les amendements du PAM. «Nous allons également œuvrer pour introduire les mesures nécessaires pour préparer la mise en œuvre des institutions prévues par la nouvelle Constitution», explique-t-elle. L'USFP (Union socialiste des forces populaires) entend faire le pressing pour accélérer le rythme des grandes réformes structurantes en rapport notamment avec la Caisse de compensation et les caisses de retraite. Une source au sein du groupe socialiste affirme que les députés travaillent toujours sur les amendements qui devraient être prêts ce week-end. Mais leurs grandes lignes ont été déjà fixées. «Nous allons rester fidèles aux positions que nous avons toujours défendues. Nous comptons tout faire pour baisser la pression fiscale sur les revenus. Il est aujourd'hui inconcevable que 70% des recettes fiscales soient prélevées auprès des salariés alors que les recettes prélevées auprès des professions libérales atteignent les 30% seulement», explique Hassna Abouzaid, parlementaire USFP. Et de poursuivre: «Nous allons proposer des réajustements pour éviter de creuser le taux d'endettement interne et protéger le made in Morocco». Pour sa part, le RNI (Rassemblement national des indépendants) a choisi d'être à l'écoute d'autres acteurs avant de finaliser ses amendements. C'est ainsi que le parti a organisé une rencontre-débat sur le projet de loi de Finances avec la participation notamment des représentants de la CGEM. Le RNI mettra également l'accent sur les mesures fiscales prévues par la loi de Finances. «Les dépenses n'ont pas été réduites. Il y a juste eu une augmentation de la pression fiscale pour accroître les recettes», avait déclaré le président du RNI, Salaheddine Mezouar. «Ce projet, en tant qu'outil de visibilité qui prend en considération les engagements du gouvernement mais également les exigences et les attentes des citoyens, manque d'innovation et de stimulation sérieuse pour encourager l'emploi», avait-il ajouté. Reste à savoir maintenant si le gouvernement prendra en considération les propositions de l'opposition. Celle-ci compte sur sa forte position dans la deuxième Chambre parlementaire où elle est majoritaire. Mais c'est là une autre paire de manches.