A côté du débat autour de la loi de Finances qui accapare toutes les attentions, il existe un autre sujet qui préoccupe nos parlementaires. Il est question de l'augmentation de leurs indemnités. Et à ce propos, les rumeurs fusent de toute part. On cite parmi celles-ci la fallacieuse information selon laquelle le projet de loi de Finances prévoit 12.000 DH d'augmentation par mois à l'adresse des parlementaires. Une rumeur tout de suite démentie lundi par Abdelilah Benkirane, chef de gouvernement. «Le chef de l'Exécutif a démenti avoir apposé son visa sur une quelconque décision relative à l'augmentation des indemnités des parlementaires», a indiqué, lundi, le ministre de la communication, porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, dans une mise au point au sujet de cette information. Et d'ajouter : «M. Benkirane réitère sa position contre cette augmentation». Toutefois, il n'y a pas de fumée sans feu. En effet, ils sont aujourd'hui 666 députés dans les deux Chambres à toucher la somme mensuelle de 30.000 DH qui revendiquent plus de moyens pour l'accomplissement de leur mission représentative. Mais aux yeux de l'opinion publique, il s'agit là d'un scandale de plus: «Comment les députés peuvent-ils demander plus alors que le contexte économique marqué par la crise impose au contraire plus d'austérité et qu'en outre le rendement du Parlement n'est pas à la hauteur des quelque 240 millions DH par an versés à nos parlementaires?». Le sujet, on le comprend, est tabou. Mais pour nombre de parlementaires, il doit être soulevé. D'autant que le débat autour d'une telle augmentation est suscité depuis l'ancienne législature au sein du bureau du Parlement, et qu'à ce jour aucune décision n'est tranchée. Karim Ghellab, président de la première Chambre, peine à trouver un consensus autour de la question étant donné que chaque groupe parlementaire a sa propre vision. Pour Rachid Roukbane, président du groupe parlementaire du PPS, il faut étudier la possibilité de couvrir les frais de déplacement, billets d'avion notamment, et frais d'hébergement de certains parlementaires résidant dans des régions lointaines (provinces du Sud notamment), frais que les indemnités ne leur permettent pas de couvrir. Il propose, entre autres, la possibilité de signer des conventions avec les compagnies aériennes ou des hôtels pour réduire des frais justifiés. «Ceci afin que les parlementaires puissent concilier entre leurs missions au niveau local exigeant de la proximité avec les citoyens et leurs missions au niveau central imposant une présence assidue au Parlement», explique-t-il. Toutefois, M. Roukbane se déclare contre toute généralisation d'une augmentation des indemnités à l'ensemble des parlementaires, comme cela a été revendiqué par d'autres groupes parlementaires. Pour sa part, Adil Benhamza, député de l'Istiqlal à la première Chambre, ne revendique pas une hausse des indemnités directe, mais souhaite que l'Etat accorde à l'institution parlementaire plus de moyens logistiques (bureaux de fonctionnaires au niveau local, et experts pour l'encadrement au niveau législatif). «Il faut plus de moyens pour améliorer le rendement du Parlement et que ce dernier puisse être à la hauteur des nouvelles missions et pouvoirs élargis contenus dans la nouvelle Constitution, mais aussi pour qu'il n'y ait plus de déséquilibre entre le pouvoir exécutif qui domine et dispose de moyens considérables et un pouvoir législatif handicapé», martèle M. Benhamza. Selon lui, une telle revendication pourrait permettre de produire quelque 2.000 postes en faveur d'experts et cadres diplômés chômeurs. Et M. Benhamza d'ajouter: «Aujourd'hui la composition du Parlement a changé, celle-ci n'est plus dominée par des notaires et de grands agriculteurs et hommes d'affaires, mais elle est composée à 90% de cadres moyens pour qui l'indemnité constitue la seule source de revenu». «Comment pourront-ils dans de telles conditions remplir leur mission», s'indigne-t-il.