Le prince héritier d'Arabie saoudite, l'émir Abdallah, est en train de voir son projet de discours devant la réunion de la ligue arabe, prévue les 27 et 28 mars à Beyrouth (Liban) prendre une ampleur telle qu'elle occulte toute la genèse de ce que tout le monde appelle désormais l'initiative ou la proposition saoudienne de paix au Proche-Orient. Le prince héritier d'Arabie saoudite, l'émir Abdallah, est en train de voir son projet de discours devant la réunion de la ligue arabe, prévue les 27 et 28 mars à Beyrouth (Liban) prendre une ampleur telle qu'elle occulte toute la genèse de ce que tout le monde appelle désormais l'initiative ou la proposition saoudienne de paix au Proche-Orient. Il ne s'agit certainement pas d'une fuite incontrôlée, ni d'une rumeur légère. Il s'agit bien de l'entrée en force de l'Arabie saoudite, avec son style propre et la délicatesse de sa position dans le monde arabo-musulman, sur un dossier tendu et dangereusement miné, celui des relations entre Israel et les Palestiniens, et au-delà de ceux-ci avec l'ensemble du monde arabe. A ce titre, le prince Abdallah fait preuve d'une vision et d'une audace qui placent son pays au-devant de la scène diplomatique internationale à un moment où celle-ci connaît des bouleversements, des retournements d'alliance et des recompositions stratégiques qui sont en train de changer la face du monde, au jour le jour. Allié traditionnel et fidèle des Etats-Unis d'Amérique dans la région du Golfe arabo-persique, le Royaume wahhabite a dû gérer, sur son propre territoire comme dans ses zones d'influence immédiate, les effets de cet alignement politique et stratégique et les prolongements de la guerre du golfe sur les sociétés de la région fortement traumatisées par la dualité entre une identité culturelle et spirituelle dans laquelle la presqu'île d'Arabie joue un rôle de référence et une alliance politique et stratégique avec des intérêts et des valeurs qui, par beaucoup d'aspect, semblent contradictoires et incompatibles avec ladite identité. Au lendemain du 11 septembre, ces contradictions se sont trouvées au centre des débats, encouragées et attisées par les amalgames et les travers de langage des dirigeants américains et occidentaux en général, sur la guerre des civilisations, l'Arabie saoudite s'est trouvée dans une mauvaise posture, celle d'un État dont un certain nombre de ressortissants et de capitaux sont montés du doigt ou fortement soupçonnés dans des entreprises terroristes. Dans ce contexte, l'intervention de l'Arabie saoudite dans l'épineux problème israélo-palestinien est aussi une manière de dire que ce grand pays arabe et musulman peut aussi être un recours à un moment où l'intransigeance de Tel-Aviv ferme toutes les perspectives de dialogue et de concertation pour engager le conflit du Proche-Orient dans une impasse périlleuse pour tout le monde, y compris pour le peuple israélien, de plus en plus exaspéré par ses propres gouvernants. Les États arabes, pour leur part, seront amenés à se prononcer sur le contenu de l'initiative du prince Abdallah. Ils le feront en tous les cas avec l'espoir de voir une lueur de sagesse pointer dans le ciel sombre de l'idéologie sharonienne qui demeure encore imperméable à toute retenue et ne cesse de prendre en otage le peuple palestinien et de maintenir en réclusion militaire le symbole de son autorité et de sa souveraineté, le Président Arafat. Pour cela, l'initiative de Abdallah fait scintiller une petite lueur d'espérance qui mérite attention.