Le clash entre Mustapha Ramid, ministre de la justice et des libertés, et Driss Radi, président du groupe UC (Union constitutionnelle) prend une nouvelle tournure. Cinq groupes parlementaires, appartenant tous à l'opposition, viennent d'envoyer une lettre au chef de gouvernement dénonçant le comportement du ministre de la justice. Il s'agit des groupes du PAM (Parti authenticité et modernité), du RNI (Rassemblement national des indépendants), de l'USFP (Union socialiste des forces populaires), de l'UC ainsi que du groupe fédéral. Ces derniers exigent des excuses de la part du responsable. «La manière avec laquelle M. Ramid s'en est pris au président du groupe parlementaire de l'UC à la deuxième Chambre va à l'encontre des traditions et usages connus dans le Parlement. Nous avons relevé dans ce comportement un véritable manque de respect à tous les membres de la Chambre des conseillers», explique Mohamed Daidia, président du groupe fédéral (opposition) à la deuxième Chambre. Et de poursuivre : «Nous avons décidé d'envoyer une lettre au chef de l'Exécutif en guise de protestation et pour dénoncer ce genre de comportement». Tout commence lorsque le président du groupe de l'UC prend la parole pour réagir par rapport au passage du chef de gouvernement au Parlement dans le cadre des séances mensuelles sur la politique générale en demandant l'avis du Conseil constitutionnel. Ramid réagit à travers un mouvement de tête qui ne sera guère apprécié par Radi. Une prise de bec va suivre entre les deux hommes avant que le président de la séance ne décide de la lever pour apaiser la tension. Hakim Benchemmach, président du groupe parlementaire du PAM, prend la parole pour exiger des excuses de la part du ministre menaçant de se retirer de la séance. Celle-ci sera interrompue pendant un bon bout de temps. Par ailleurs, la séance mensuelle de questionnements sur la politique générale, prévue initialement hier à la deuxième Chambre, a été reportée. Une source au sein du Parlement nous a confié que ce report a été décidé suite à la demande du chef de gouvernement. Pour leur part, les conseillers affirment qu'ils ont été informés de cette décision la veille sans recevoir pour autant d'explications claires de la part des responsables. Mais il semble que ce report soit le résultat du débat actuel sur l'article 100 de la Constitution qui a institué ces séances mensuelles. Driss Radi avait, en effet, invoqué l'intervention du Conseil constitutionnel sur ce sujet. A noter que la Chambre des conseillers fonctionne toujours avec un ancien règlement intérieur qui ne prévoit rien concernant ces séances. «Je pense que la saisine du Conseil constitutionnel n'a rien à voir avec le report. Si c'était réellement par rapport à l'article 100 de la Constitution et le règlement intérieur de la deuxième Chambre, pourquoi le chef de gouvernement avait-il assisté déjà à deux reprises à ces séances?», se demande ce député.